L'importance cruciale de la formation ressort fréquemment de nos auditions de différents acteurs du numérique, aussi bien des entreprises que des instituts de recherche ou l'agence nationale de la recherche. Nous n'avons pas manqué d'entendre le directeur général de l'enseignement scolaire du ministère de l'éducation nationale. Il convenait de porter une attention à l'autre extrémité de la chaîne en nous attachant à l'enseignement supérieur. Aussi avons-nous le plaisir d'auditionner ce matin M. Mehdi Gharsallah, conseiller stratégique pour le numérique auprès de la directrice générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle.
Rappelons que la direction générale de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (DGESIP) élabore et met en œuvre la politique relative à l'ensemble des formations supérieures, initiales et tout au long de la vie, relevant du ministre en charge de l'enseignement supérieur. Elle veille à la mise en œuvre, par les établissements relevant de sa compétence, de leur mission d'orientation et d'insertion professionnelle. Elle exerce la tutelle des établissements publics relevant du ministre chargé de l'enseignement supérieur et élabore le cadre juridique de leur organisation et de leur fonctionnement. Elle répartit également les moyens entre ces établissements, à partir d'une analyse de leurs activités et de leurs performances. Elle fixe enfin le cadre national des formations et des niveaux de diplômes, et elle met en œuvre une politique active d'orientation et de préparation à l'insertion professionnelle. En outre, elle participe à la définition et à la mise en œuvre de la stratégie numérique pour l'enseignement supérieur, visant à utiliser le numérique comme levier de rénovation pédagogique afin d'accroître l'attractivité de l'enseignement supérieur français dans le monde et, en particulier, les pays francophones.
Je commencerai par vous poser une question devenue rituelle lors de nos auditions, procédant de la grande diversité des définitions données à la souveraineté numérique. Comment concevez-vous cette notion ? Comment l'enseignement supérieur tient-il compte des préoccupations qu'elle inspire ?
Un pays ne peut se prétendre souverain en matière numérique qu'à condition de susciter durablement le flux de talents indispensables pour lui assurer des compétences dans ce domaine en renouvellement constant. Je reprendrai l'image de la pyramide utilisée par le président-directeur général de l'institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) lors de son audition. Les élèves de l'enseignement secondaire intéressés par les sciences et technologies en forment la base. Nous les avons évoqués avec le directeur de l'enseignement scolaire. Quelle appréciation portez-vous sur ce vivier ? Comment garantir qu'un nombre suffisant de diplômés d'un master en mathématiques appliquées ou en informatique s'engagent dans la recherche, alors que les entreprises en pleine transformation numérique et donc, en demande de talents, s'évertuent à les attirer ? Comment, enfin, maintenir au sommet de la pyramide, pour y attirer des spécialistes de haut niveau, une puissance académique de taille à concurrencer, voire dépasser, celle des grands acteurs internationaux des nouvelles technologies, dont les moyens rivalisent désormais avec l'excellence académique publique ? En somme, comment maintenir une telle pyramide en lui évitant de se déformer excessivement à moyen et long terme ?
Lors de son audition, l'agence nationale de la recherche a attiré notre attention sur le manque d'enseignants chercheurs en informatique et en mathématiques appliquées face à la demande croissante dans les domaines de l'Intelligence artificielle ou de l'informatique quantique. Partagez-vous ce constat ? Le cas échéant, quelles actions préconisez-vous pour y remédier ?
Mon deuxième point portera sur l'impact de la crise sanitaire sur l'enseignement supérieur. Le ministère avait déjà, auparavant, inscrit le numérique au cœur de son projet stratégique. Comment cette démarche a-t-elle permis d'accroître la résilience de l'enseignement supérieur face aux bouleversements liés au Covid, aussi bien en termes de production de contenus et de services numériques que d'accompagnement des enseignants à l'utilisation du numérique ? J'aimerais revenir sur le sujet particulièrement prégnant du recours au numérique dans l'enseignement supérieur en vue d'assurer une continuité pédagogique au bénéfice des étudiants.
Pour terminer mon propos liminaire, je souhaiterais prendre du champ afin d'évoquer la souveraineté numérique d'un point de vue comparatif. Comment notre enseignement supérieur se positionne-t-il par rapport à celui des pays voisins dans les domaines relatifs aux compétences numériques ? Comment le développement de formations en ligne peut-il renforcer la visibilité et l'attractivité de l'enseignement supérieur français afin de cibler les talents et de les attirer vers notre pays ?