Pas plus que tout autre pays, l'Estonie n'échappe à une fracture numérique, surtout notable dans les zones rurales et en restructuration industrielle, dans l'est du pays. Peut-être y est-elle moins marquée qu'en France. Je ne voudrais malgré tout pas nier les problèmes de l'Estonie. La fracture numérique y est en passe de se résorber, mais pas avant au moins une génération encore. Les limites du numérique se révèlent, par exemple, au travers de la campagne de vaccination contre le Covid. Un seul et unique portail public numérique permet de s'enregistrer en vue d'obtenir un vaccin, mais une partie de la population, encore peu habituée à utiliser Internet, peine à s'y inscrire. Il en résulte des disparités entre les taux de vaccination d'une région à l'autre.
L'Estonie a peut-être mieux compris que la France l'utilité d'une formation tout au long de la vie. Beaucoup de facilités sont offertes aux agents du service public pour se former, à l'université ou en ligne, en parallèle à l'exercice de leurs fonctions. Des programmes étatiques favorisent l'émergence de start-up d'État. Il me semble qu'il existe des programmes semblables en France, mais l'Estonie témoigne d'une plus grande volonté d'acclimater une culture de l'innovation au sein de l'administration. Ces start-up d'État contribuent à la conception des services publics de demain, en réfléchissant notamment aux usages possibles de l'Intelligence artificielle. L'Estonie s'est ainsi très tôt penchée sur la question du statut juridique des robots.
Beaucoup de spécialistes estiment que l'infrastructure numérique de l'Estonie, peut-être un peu délaissée par le passé, gagnerait à être modernisée, entre autres pour qu'elle résiste mieux à un très grand nombre de connexions simultanées.