Le gouvernement estonien n'a pas impulsé le développement des technologies que produit mon entreprise. L'État ne considère ce secteur comme une priorité que depuis peu, peut-être grâce à la réussite de Skeleton Technologies, justement. L'Estonie s'est d'abord focalisée sur les logiciels ou la programmation informatique, et n'a que récemment découvert, ou redécouvert, les vertus d'une politique industrielle.
Qui prend les décisions relatives au numérique en Estonie ? Il y existe, comme en France, un ministère des nouvelles technologies, qui s'occupe aussi de l'entrepreneuriat. Cependant, à la tête de l'administration en charge de la mise en œuvre et du développement de l'infrastructure numérique est placé un fonctionnaire, dont l'alternance politique ne remet pas en cause la nomination, pour une durée de dix ans. L'Estonie a été dirigée pendant un an et demi par une coalition du centre, de la droite et de l'extrême droite, ayant succédé à une coalition du centre, de la droite et de la gauche. Pendant tout ce temps, le même administrateur est resté en poste. Les stratégies, planifiées par l'administration sur cinq ou dix ans, font l'objet d'un débat à l'Assemblée nationale, mais elles trouveraient une traduction concrète même en l'absence de personnalité politique pour les soutenir. Elles passent en effet pour échapper aux enjeux des luttes entre partis et suscitent un consensus.