Intervention de Jean-Luc Reitzer

Réunion du vendredi 15 septembre 2017 à 16h25
Groupe de travail sur le statut des députés et leurs moyens de travail

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Reitzer :

Député de base, j'ai le sentiment que nous sommes déjà soumis à beaucoup de contrôles. En ce qui me concerne, c'est mon épouse qui s'occupe de tout, mais je sais que lorsqu'elle doit remplir la déclaration de patrimoine elle passe un mauvais quart d'heure. Le citoyen ne s'en rend pas compte mais nous devons tout justifier – maintenant, il faut même justifier les frais de mandat. Nous passons notre temps à collecter les factures, les notes de restaurant et autres, et vous proposez encore des contrôles une fois le mandat terminé, pour voir s'il n'y aurait pas un conflit d'intérêts, si ceci, si cela… Franchement, sincèrement, il y en a marre ! Ras la casquette ! Nous ne sommes pas des truands, nous n'avons pas besoin d'être en permanence contrôlés, nous n'avons pas à être soupçonnés de vouloir nous en mettre plein les poches.

Et ne vous êtes-vous pas demandé, mesdames, messieurs, si ce n'est pas parce qu'ils ne sont pas assez bien payés que beaucoup de députés exercent une activité professionnelle au cours de leur mandat ? Certes, on peut en conserver une par passion, quand on est médecin ou qu'on aime donner des cours à Sciences Po, en faculté de droit à Paris ou à Strasbourg, mais il y en a peut-être aussi qui constatent qu'ils ne gagnent pas autant qu'auparavant – certains disent même manger désormais des pâtes maintenant qu'ils ne gagnent plus 10 000 ou 15 000 euros par mois ! Un moyen de lutter contre les tentations diverses auxquelles un parlementaire peut être soumis au cours d'un mandat pourrait être de mieux le payer. C'est d'ailleurs cette considération qui a justifié la création d'une indemnité : il s'agissait de les préserver de la tentation de la corruption.

Et puis il faudrait un vrai statut, qui permette, comme en Allemagne, de retrouver facilement un emploi au terme du mandat, qui facilite la réinsertion. Dans le secteur privé, c'est difficile, au bout de cinq ans. Pour ma part, je travaillais chez Peugeot. Je ne vais pas raconter une énième fois mon histoire, mais le lendemain de mon élection on m'a adressé une lettre de solde de tout compte. Un fonctionnaire, pour sa part, retrouverait sa position, avec l'ancienneté, au terme de son mandat. Si les députés étaient mieux payés, si leur réinsertion professionnelle était facilitée, peut-être ne serait-il pas nécessaire de tant les contrôler.

Ce n'est pas une question, ce n'est qu'une réaction de député de base. J'ai le sentiment que nous sommes déjà suffisamment contrôlés et qu'il n'est pas nécessaire d'en rajouter.

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