Je ne pourrai pas répondre à votre deuxième question, n'ayant pas de données particulières sur l'individualisation des compteurs. Je ne sais où l'on en est, ni quels en sont les effets. Le mouvement est engagé, des délais ou des exceptions ont été fixés, mais je ne dispose pas d'éléments statistiques particuliers en la matière. Nous regarderons si nous en avons.
Toutefois, cette option va effectivement dans le sens d'une responsabilisation des consommateurs. Comme je le disais, se rendre compte des conséquences de tel ou tel comportement – comme ouvrir la fenêtre ou ne pas l'ouvrir, par exemple – est la première étape. Cela s'inscrit dans un mouvement général d'appropriation de l'énergie qui sera de plus en plus facile dans la mesure où les données seront de plus en plus accessibles. Encore faut-il pouvoir se dire que l'on est responsable et non pas noyé dans une masse collectivement responsable où l'on se sent moins concerné.
La domotique et tous les moyens de ce que j'appelle l'optimisation active des consommations constituent, il est vrai, un levier extrêmement intéressant, d'autant plus intéressant à étudier et à actionner en matière d'incitation que l'on touche à l'enveloppe des bâtiments en termes d'isolation et de performance passive. La différence de consommation qui peut exister entre deux bâtiments selon le mode d'occupation – logement ou tertiaire –, selon la capacité à gérer l'éclairage et les consommations de fluides diverses, devient d'autant plus importante en relatif que l'on a baissé tout le reste.
C'est donc un levier extrêmement intéressant, qui n'est pas toujours bien pris en compte aujourd'hui parce que la logique, dans le bâtiment, est de se dire que la façon dont il sera occupé peut varier dans le temps. Il paraît donc parfois compliqué d'intégrer dans des réglementations la vraie vie du bâtiment et de favoriser la gestion dynamique des consommations. Mais il importe vraiment de traiter ce sujet et d'accorder la même place aux moyens d'optimisation des consommations qu'aux moyens « en dur » – en demandant évidemment des garanties quant au fait que le bâtiment sera performant non seulement parce qu'il est bien isolé, mais aussi parce que des détecteurs de présence ou des moyens permettant de vérifier et d'ajuster finement la température auront été installés.
C'est un sujet extrêmement important, qui s'est heurté des années durant à une opposition entre deux types d'efficacité énergétique, « passive » et « active », pour reprendre les termes employés par certains. Je pense qu'il faut dépasser cette opposition ; il est extrêmement important de favoriser cette efficacité énergétique active, d'autant que souvent – pas toujours, mais souvent –, certains gestes actifs se révèlent très efficaces. Ce sont ceux qui ont le meilleur temps de retour sur investissement : cela coûte relativement peu cher à installer et, dans bien des cas, on part de tellement loin en termes de pratiques que c'est rapidement efficace. On peut gagner énormément et avoir des temps de retour économique ou des coûts d'abattement en énergie et en CO2 rapportés à l'investissement extrêmement intéressants en prêtant attention, par exemple, aux appareils qui continuent de fonctionner inutilement ou à l'absence de personnes dans un bâtiment. Dans de nombreux cas, ce sont les premiers gestes à faire. Il est vrai aussi que, parfois, certains bâtiments sont tellement mal isolés que l'isolation peut générer des temps de retour très courts. Pas toujours, mais souvent, il peut être extrêmement intéressant de le faire.
Il faut vraiment arriver à traduire cela, par l'incitation ou la contrainte, dans l'ensemble des outils du bâtiment. Les querelles de chapelle que l'on constate parfois sont assez regrettables.