Intervention de Damien Siess

Réunion du jeudi 27 septembre 2018 à 9h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Damien Siess, directeur de la stratégie et de la prospective de l'Union française de l'électricité (UFE) :

C'est un sujet dont je n'ai pas parlé puisque j'ai davantage abordé le second aspect de votre mission, relatif à l'efficacité énergétique, que celui de la production. Mais l'adaptation des réseaux est un sujet important, notamment l'adaptation à l'évolution de la production électrique qui devient à la fois plus variable et plus décentralisée, c'est-à-dire implantée sur de nouveaux endroits du territoire, mieux répartie, et non plus concentrée sur un certain nombre de centrales électriques.

Être capable d'injecter ces puissances nécessite des adaptations du réseau électrique. L'un des sujets majeurs pour le développement des renouvelables est la capacité à transformer le réseau électrique, à effectuer des procédures de raccordement relativement rapidement et à planifier cela au niveau régional, dans les schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables. C'est l'un des freins importants à l'heure actuelle. Dans la mesure où les coûts industriels des renouvelables ont beaucoup baissé, les coûts de raccordement deviennent, relativement, élevés. Les délais sont également un des points d'attention pour les producteurs d'énergies renouvelables. Il reste beaucoup à faire en matière de consommation, mais selon moi l'urgence concerne surtout la production.

Plusieurs solutions peuvent être envisagées. Cet exemple ne couvrira sans doute pas tous les cas mais disons que, dans certains cas de figure, il pourrait être plus intéressant, tant du côté réseau que du côté producteur, d'avoir un raccordement qui ne soit pas à 100 % de la puissance, qui n'injecte pas 100 % de la puissance produite par une installation, mais qui soit dimensionné légèrement en dessous. Se raccorder ainsi, à un endroit différent, certes plus contraint, du réseau pourrait permettre de gagner en coût et en délais.

Cela ne nous est pas permis aujourd'hui. Il est possible de le faire en expérimentation, mais cela ne peut pas être généralisé, car il s'agit de modifications qui relèvent du domaine réglementaire. En Vendée se déroule actuellement une expérimentation de smart grid, de réseau électrique intelligent, en lien avec le raccordement des énergies renouvelables. Cela permet, en échange de la garantie de pouvoir injecter 90 % ou 95 % de la puissance maximum, de se raccorder à un point du réseau plus contraint plutôt qu'à un point plus éloigné où l'on pourrait injecter systématiquement 100 % de la puissance, mais qui demanderait deux ans supplémentaires de travaux et coûterait plus cher. C'est aux producteurs qu'il revient d'opérer ce choix.

Des adaptations sont donc possibles. Cela demande des changements de logique par rapport à la logique « château d'eau », comme on le dit parfois en caricaturant. Cette logique « château d'eau » est celle où vous avez des moyens de production très centralisés et des autoroutes à sens unique conduisant aux moyens de consommation, serait top down, en gestion descendante. Maintenant, c'est un peu plus foisonnant, un peu plus « internet », les moyens de production seront de plus en plus répartis. Cela suppose d'être capable, et d'accepter de modifier un certain nombre de pratiques, notamment cette garantie d'injection de puissance. Il existe effectivement des solutions, que nous étudions de près puisque l'UFE regroupe, parmi ses adhérents, aussi bien les producteurs – EDF Renouvelables, Engie, le Syndicat des énergies renouvelables –, que les gestionnaires de réseau – Réseau de transport d'électricité (RTE), Enedis et les établissements locaux de distribution. C'est donc un sujet essentiel pour nous.

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