Intervention de Jacky Aignel

Réunion du jeudi 9 mai 2019 à 11h00
Mission d'information relative aux freins à la transition énergétique

Jacky Aignel, maire du Mené :

La planification est certainement ce qui nous manque aujourd'hui. Nous, nous l'avons faite en 2005, Laurent Gaudicheau l'a expliqué tout à l'heure. Je regrette les zones de développement éolien (ZDE), car elles avaient le mérite de positionner un territoire : les choses étaient claires. Ce n'était pas du « n'importe quoi » comme aujourd'hui, où les entreprises démarchent pour obtenir des terrains, signer des baux, avant de constater que le projet ne peut avancer au niveau administratif. C'est une perte de temps et d'argent monumentale. Je suis donc favorable à un retour de ce type de schéma, qui est indispensable. C'est moins vrai pour le photovoltaïque, surtout dans notre région. Mais ça l'est pour l'éolien. C'est quand même assez vallonné par chez nous, et l'habitat très diffus ne permet pas de « caser » facilement un projet éolien, compte tenu de la règle des 500 mètres.

Pour la méthanisation, c'est exactement la même chose. À plusieurs reprises, j'ai eu l'occasion de rencontrer Mme Royal quand elle était ministre et qu'elle parlait d'installer 1 500 méthaniseurs en France. Cela ne veut rien dire ! Ce qu'il faut d'abord, c'est faire un diagnostic. Le Maine-et-Loire l'a fait, mais il faut analyser les choses à l'échelon régional. Aujourd'hui, chez nous, les agriculteurs montent leur propre méthaniseur parce qu'il y a des fumiers et des lisiers, mais ce sont des produits qui ne sont pas tous méthanogènes. C'est donc la course aux intrants auprès des industries agroalimentaires de la région, qui, demain, se feront payer ces déchets pour les valoriser dans le digesteur. Le modèle économique du digesteur risque donc de plonger, et c'est pourquoi on a besoin d'un bon diagnostic, d'une bonne autopsie du territoire ; il faut absolument que les collectivités soient partenaires et amènent leurs déchets. Il y a une quantité de déchets dans nos collèges, dans nos lycées, qui sont méthanisables. Quand je pense au pain qui est gâché dans les restaurants scolaires, c'est incroyable ! Là aussi, il faut absolument planifier car on court à l'échec.

Sur l'essaimage, je laisserai la parole à Laurent Gaudicheau dans quelques instants. Au Mené, en 2010, nous avons mis en place le premier « territoire à énergie positive » (TEPOS). L'an prochain, c'est chez nous que se déroulera la rencontre pour le dixième anniversaire, car cela tourne chaque année : l'an dernier nous étions à Montmélian, cette année nous serons à Clamecy. Je crois qu'aujourd'hui nous sommes une centaine de territoires engagés dans cette démarche. Ce n'est donc pas rien en termes de mobilisation.

Il faut surtout éviter de faire deux fois les mêmes erreurs. Avec cette usine de méthanisation de Géotexia, nous avons attendu deux ans que l'ANSES valide le digestat qui allait être répandu. Pendant deux ans, l'entreprise a donc perdu de l'argent, car il fallait exporter ce digestat qui n'était pas homologué chez nous alors qu'il l'était depuis belle lurette en Allemagne et en Belgique. Mais le lisier de porc, qu'il soit belge ou allemand, c'est à peu près la même chose… Aujourd'hui, malheureusement, pour beaucoup d'appels à projets, il faut dépenser 20 000 ou 30 000 euros en études. Mais des études, il y en a partout qui sont en train de pourrir dans les tiroirs ! C'est d'action que nous avons besoin !

Il faut revaloriser l'expérience et mettre en mouvement les gens afin de réaliser des choses. Je suis agriculteur et je crois à la vulgarisation « par-dessus le talus » : c'est en faisant des choses et en les montrant qu'on mobilisera les gens et qu'on avancera.

Il faut aussi aller voir ailleurs. Nous avons « fait » tous les pays d'Europe depuis 2005. Tous les ans, au niveau de la commune, on se fait un petit voyage. On va voir ailleurs ce qui se fait, ce qui se fait de bien, ce qui se fait de mal, parce que c'est comme chez nous : tout n'est pas bien. Mais il faut absolument bouger et je crois que c'est un des leviers indispensables : amener les gens à regarder par-dessus le talus, à aller voir ailleurs ce qui se passe, et puis à avancer en suivant le fil rouge.

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