C'est un sujet très vaste. Il n'y aura pas de transition écologique réussie sans de remise en cause de l'activité économique globale : pas simplement au niveau d'une commune, ni d'un département, ni même d'un pays, mais au niveau de la planète. Va-t-on continuer de faire circuler des camions de marchandises du sud au nord de l'Europe ? Souvent, on a les ressources chez soi mais on ne s'en satisfait pas parce qu'on sait qu'on va trouver un peu plus de valorisation ailleurs.
Tout ça, c'est le commerce, on ne va pas le remettre en cause. Regardez ce qui se passe en Bretagne : on fait venir, depuis des années, des tourteaux de soja du Brésil ou d'Argentine pour nourrir un bétail que nous avons ensuite du mal à vendre. Les agriculteurs périclitent parce qu'il y a chez nous une transition agricole très, très, très profonde. On en parlera encore dans quelques années, car cela va être très compliqué pour les agriculteurs qui vont rester. Dans notre petite commune, nous avons construit une huilerie où l'on triture du colza. Pas besoin, donc, d'acheter ces tourteaux qui viennent d'Argentine ou du Brésil : nous avons tout !
La richesse est dans les territoires. Nous l'avons sous les pieds. Donc, réorganisons-nous. Les transports représentent 40 % des dépenses énergétiques. C'est sans doute un vœu pieux, car ce n'est pas moi qui vais le faire, mais il faut réorganiser les transports. Tout dépend de ça. La Bretagne importe aujourd'hui du lait qui vient du Danemark. Toutes les semaines, il entre en Bretagne 53 camions de poudre de lait qui arrivent du Danemark et de Hollande. Et nous, les producteurs laitiers bretons, nous envoyons notre lait en Espagne, en Suisse, etc. Il faut arrêter tout ça, mais je sais bien que ça ne va pas être réglé tout de suite.