Cette crise historique nous invite à réfléchir à notre modèle agricole et alimentaire : il doit assurer à la France et à l'Europe sa souveraineté alimentaire, comme l'a demandé le Président de la République dès le début de la crise. Quand nous dépendons d'autres pays pour nous nourrir, nous nous mettons en danger : nous ne maîtrisons pas la qualité des produits alimentaires que nous importons et nous n'avons pas la main sur ces approvisionnements.
Cette crise épidémique a d'importantes et durables conséquences sur nos productions agricoles. L'évolution brutale des modes de consommation – du fait du confinement et de la fermeture de la restauration hors domicile – a déséquilibré de nombreuses filières et les échanges intracommunautaires. En conséquence, à la demande de nombreux États membres, dont la France, la Commission européenne a activé les mesures prévues dans le cadre de l'organisation commune des marchés et a autorisé le stockage privé pour les produits laitiers, la viande bovine, ovine, etc.
Face à l'urgence, nous devons reposer la question de l'intervention publique nationale et européenne. Pourtant, le 28 avril dernier, Phil Hogan, commissaire européen au commerce, a annoncé la conclusion d'un accord avec le Mexique, portant notamment sur 20 000 tonnes annuelles de produits bovins à droits réduits, alors que la viande mexicaine ne satisfait pas aux mêmes exigences sanitaires et environnementales que la viande européenne. Les négociations semblent également avancées avec la Nouvelle-Zélande, en particulier sur la viande ovine et certains produits laitiers.
En outre, durant cette crise, les prix de certaines filières, notamment la filière bovine, étaient complètement déconnectés de la loi de l'offre et de la demande : la demande des consommateurs était au plus haut, les importations en baisse et, pourtant, les prix à la production étaient au plus bas. En conséquence, les producteurs connaissent d'importantes difficultés de trésorerie. La crise a mis en évidence la fragilité structurelle de la filière. Il est fondamental de stabiliser les filières alimentaires européennes, avec une PAC ambitieuse. Il faut retirer tous les produits agricoles sensibles des négociations commerciales en cours.
Quelle est la position du Gouvernement sur l'accord européen avec le Mexique et le futur accord avec la Nouvelle-Zélande ? La crise du Covid-19 et la réforme de la future PAC n'appellent-elles pas un changement de logique de la politique commerciale européenne ? N'est-il pas temps de tirer les leçons de la crise ? Quelles réponses apporter en termes de structuration des filières ?