Une répartition duale et sectorielle de l'armement en Europe est d'ores et déjà possible à travers les PESCO. L'outil existe, les États doivent s'en emparer. Nous nous sommes donné la possibilité d'avoir des coopérations modulables et flexibles dans le cadre de ces partenariats, susceptibles de conduire à un projet européen d'intérêt commun.
Pour inciter les Européens à « jouer le jeu » sur les investissements de défense, il faut faire travailler les industries européennes. C'est tout l'objet du FEDef.
La France fait partie de l'OTAN. Il ne s'agit pas de remettre en cause cette alliance. Cependant, nous ne sommes ni sourds, ni naïfs. Nous entendons ce que disent certains de ses membres, notamment le premier d'entre eux concernant la nécessité pour l'Union de prendre davantage en charge sa propre défense, la participation américaine devant décroître. Nous devons en tirer les leçons et dépenser davantage, et mieux, entre nous. Lors de mes discussions avec les ministres de la défense, je soutiens l'idée d'une plus grande intégration et coopération, et d'une plus forte mutualisation des dépenses pour les entreprises européennes.
L'Europe est la deuxième puissance spatiale au monde et elle doit communiquer plus clairement sur sa stratégie spatiale. Celle-ci s'articule autour de trois axes : la souveraineté en matière d'autonomie numérique – positionnement, géolocalisation, surveillance, photographie et connectivité – ; les lanceurs ; et la politique spatiale à usage scientifique, pour laquelle l'Europe occupe la première position dans le monde, répondant en cela à sa vocation universelle. Elle est la seule à travailler sur une appréhension de l'univers à travers la lecture des ondes gravitationnelles. Le projet LISA constituera une aventure comparable à celle qu'a été la création de l'accélérateur du Conseil européen pour la recherche nucléaire au XXe siècle. L'enjeu est de mesurer tout ce qui s'est passé dans l'univers depuis sa création. Et qui le fait ? L'Europe ! Je m'attacherai à améliorer la communication européenne sur ces sujets exaltants.
Le continent européen se distingue par un socle de valeurs communes. La démocratie – incarnée en Europe par un système bicaméral comparable au système américain, bien que nos valeurs se différencient des valeurs américaines – peut alourdir et ralentir les processus de décision par rapport à ce que l'on peut observer en Russie ou en Chine, mais c'est notre héritage millénaire, par lequel nous sommes ce que nous sommes et qui nous permet d'aboutir à un résultat solide. Notre position concernant la protection des données personnelles s'inscrit dans cette ligne. Ces données nous appartiennent, on ne peut les utiliser ni les monétiser contre notre assentiment ou sans nous demander notre avis.
Monsieur Bothorel, je vais vous décevoir. Pourtant, Dieu sait si j'aime la Bretagne ! Je parle en permanence à tous les dirigeants, et je leur dis ce que j'ai à leur dire, mais je ne fais pas d'ingérence dans les États-nations. Sachez néanmoins que je parle à tout le monde, y compris à ceux qui entrent en fonction le 1er août.
La double appartenance à l'Union et à l'OTAN fait partie de notre héritage. Nous avons tous en Europe une relation singulière avec la défense, en fonction de notre histoire. L'Europe de la défense a failli aboutir en 1954, mais a, hélas, échoué à cause de la France. Soixante-dix ans plus tard, j'espère que nous sommes en train de la réussir. L'OTAN a joué son rôle, mais ce rôle évolue. Nous devons investir davantage et de façon plus coordonnée en matière de défense. C'est l'esprit du FEDef : investir plus, mieux, pour une Europe plus souveraine et plus autonome.
Les taxes Trump sont nombreuses, je ne sais pas exactement à laquelle vous faisiez référence. Les États-Unis sont notre allié : nous n'avons donc pas la même relation en matière militaire et de renseignement avec eux qu'avec la Chine, par exemple. Nous devons rester fidèles à cette alliance. Je suis en discussion permanente avec nos partenaires américains et les sujets abordés sont nombreux : technologies, réglementation des plates-formes, etc. Cependant, il faut tenir compte du temps de la campagne électorale. Nous reviendrons ensuite à une période normalisée.