Intervention de Dominique Bilde

Réunion du mardi 8 décembre 2020 à 18h15
Commission des affaires européennes

Dominique Bilde :

En pleine crise du Covid-19, alors que l'on apprend que notre PIB va reculer de 9 % cette année, laissant sur le carreau de nombreux Français, je m'étonne de l'énergie déployée sur ce sujet du salaire minimum européen. Le Rassemblement national avait, pendant la campagne européenne, qualifié cette mesure d'antisociale. On s'était alors mis à parler de convergence vers le haut, alors qu'en réalité, cela ne peut être qu'un nivellement par le bas.

Il y a peu, le commissaire Nicolas Schmit est venu nous présenter, en commission emploi et affaires sociales du Parlement européen, des avancées en la matière. Nous n'avons rien appris de nouveau, si ce n'est que nous allions harmoniser en ne touchant à rien, et défendre un salaire minimum sans fixer de montant.

C'est en plus un projet qui ne correspond pas à la complexité des modèles sociaux de chacun des États. Des pays dont les modèles sont tant mis en avant, comme le Danemark, l'Autriche ou la Suède, s'en passent largement. Comment peut-on croire que nous allons proposer un montant fixe, alors que le salaire bulgare n'est que de 300 € par mois ? De même, en Albanie, Etat avec lequel l'on s'apprête à ouvrir des négociations d'adhésion, le salaire minimum a été généreusement augmenté pour atteindre 240 €.

Pendant le confinement, l'Union européenne a signé deux traités commerciaux avec le Vietnam et le Mexique. N'est-il quand même pas étrange que ceux qui s'inquiètent des différences entre pays européens acceptent de mettre des Français en concurrence avec des Vietnamiens, payés moins de cent dollars par mois, ou des Mexicains dont le salaire minimum ne dépasse pas les 150 dollars ? C'est sans compter aussi, au sein de l'Union européenne, le dumping opéré par le détachement des travailleurs et le cabotage dans l'indifférence générale.

Ne pensez-vous pas qu'il serait temps de laisser les États décider souverainement de leur modèle social, tout en protégeant nos concitoyens du dumping salarial ? Au vu de ces éléments, que proposez-vous concrètement pour améliorer la situation des Français qui expriment chaque jour leur colère face à la crise sociale dans laquelle notre pays s'enfonce peu à peu ?

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