Mes propos ne seront pas aussi laudateurs que ceux de Pieyre-Alexandre Anglade car nous n'appartenons pas au même groupe politique, même si je partage évidemment les ambitions portées par la France à l'occasion de ce conseil.
Vous avez évoqué en quelques secondes la question du Brexit. Vous étiez à Boulogne et à Calais il y a quelques jours. Je dois vous avouer que nous avons du mal à comprendre la position de la Commission, qui se laisse toujours la possibilité de continuer à négocier alors que l'heure tourne et que les douze coups de minuit du 31 décembre vont bientôt sonner. Tout cela pour aboutir soit à un accord dégradé, soit à un no deal final, c'est du temps perdu qu'on aurait pu utiliser pour anticiper, ne serait-ce que psychologiquement, ce qui va se passer.
Que les Britanniques déclarent qu'ils enverront la Royal Navy patrouiller dans les eaux de la Manche et de la mer du Nord afin d'empêcher les fileyeurs français de pêcher dans leurs eaux, ce n'est plus simplement un problème de bon voisinage : c'est quasiment un acte de guerre.
Ma question est simple : tous ces reports pourront-ils réellement aider à la conclusion d'un accord ? Une fois arrivés au 31 décembre, devons-nous, une fois de plus, faire preuve de l'inventivité dont nous usons toujours avec les Britanniques, en disant que, pour l'instant, il n'y a pas d'accord, mais, potentiellement, dans les prochains jours, semaines ou mois, nous y parviendrons… Car sur le terrain, les conséquences sont lourdes : vous l'avez vu à Boulogne pour les pêcheurs, et à Calais pour transporteurs. Ce qui nous mine, ce n'est pas la perspective du no deal, mais cette incertitude : ces discussions auront-elles une fin ?