Intervention de Son Exc. Edward Llewellyn

Réunion du mercredi 27 janvier 2021 à 17h00
Commission des affaires européennes

Son Exc. Edward Llewellyn, ambassadeur du Royaume-Uni en France :

Sur les questions portant sur la défense, la sécurité et la politique étrangère, le Royaume-Uni reste bien évidemment prêt à coopérer avec l'Union européenne et avec nos partenaires. Notre coopération en matière de défense s'articule autour de l'OTAN et du lien transatlantique, nous maintenons ce point de vue aujourd'hui en dehors de l'Union européenne tout comme lorsque nous en étions membres : le Royaume-Uni va rester un pays pleinement engagé au cœur de l'OTAN. Les premiers contacts entre la nouvelle administration américaine et l'OTAN ont souligné l'importance de ces liens transatlantiques qui pour nous restent fondamentaux.

En ce qui concerne la France et le Royaume-Uni, puissances militaires majeures en l'Europe, disposant toutes deux de la force nucléaire, notre coopération est encadrée par les accords de Lancaster House. Pour répondre à la question du niveau de confiance que peut avoir la France envers le Royaume-Uni, je voudrais évoquer ce que nous faisons à vos côtés dans le Sahel. Il y a notamment trois hélicoptères de la Royal Air Force qui amènent les militaires Français sur la zone de combat dans cette zone. Il s'agit seulement d'un exemple, mais il montre comment mon pays va continuer à contribuer à notre sécurité et à vous soutenir quand vous luttez pour la sécurité de votre continent, tout comme vous allez nous soutenir quand nous faisons la même chose.

À cet égard, nous pensons que la coordination entre nos deux pays fonctionne et nous allons continuer à la renforcer car il s'agit d'un point crucial dans nos relations. Ce sont des sujets qui ont toujours lié nos pays : vous connaissez la contribution du Royaume-Uni au rétablissement de la liberté et de la sécurité sur ce continent pendant les deux guerres mondiales ; tout comme je me souviens très bien de la visite de Mme Marielle de Sarnez aux côtés du Président de la République et du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères à mon ambassade pour exprimer votre solidarité avec le Royaume-Uni frappé par l'attentat de Manchester.

Nous continuerons aussi à travailler ensemble en matière de politique étrangère, par exemple au sein de l'OTAN où le Royaume-Uni a défendu l'accord sur l'Iran avec la France et l'Allemagne ces quatre dernières années. Hier soir, plusieurs minutes après la confirmation de la nomination d'Antony Blinken au poste de secrétaire d'État américain, nous étions à vos côtés avec les Américains et nos partenaires du G7 pour déposer une déclaration au sujet de M. Navalny en Russie. Tout cela montre que cette coopération continue et va continuer.

En ce qui concerne la pêche, vous avez évoqué les négociations qui vont avoir lieu chaque année après la fin de la période d'adaptation de cinq années et demie. Il est en effet très important qu'une fois passée cette période d'adaptation, nous ayons une négociation chaque année. Il s'agit d'une procédure normale pour un pays côtier indépendant. Je suppose qu'au sein de l'Union européenne vous avez également ce précédent avec d'autres pays comme la Norvège. Cette certitude que donne l'accord est évidemment une très bonne nouvelle, et je pense que cela a également été salué par le Ministre français.

Concernant les questions qui ont été posées par M. Holroyd, par exemple sur la délégation de l'Union européenne à Londres, je tiens à souligner que le Royaume-Uni a bien évidemment accordé tous les privilèges et immunités qui lui seront nécessaires pour accomplir ses fonctions, et les discussions à ce sujet sont en cours.

En ce qui concerne les ressortissants français, comme les ressortissants des autres Etats-membres, ils sont protégés par l'accord de retrait dès lors qu'ils étaient au Royaume-Uni avant le 31 décembre 2020, comme le sont d'ailleurs les ressortissants britanniques dans l'Union européenne.

Le Royaume-Uni n'est plus membre d'Europol et d'Eurojust, mais la coopération policière et judiciaire va se poursuivre, notamment par l'intermédiaire d'Interpol. D'ailleurs, je rappelle qu'avant 2015, mon pays n'était pas membre d'Europol et pourtant, la coopération avec les Etats-membres fonctionnait bien.

Concernant Erasmus, le Royaume-Uni a décidé de créer un nouveau programme qui aidera les étudiants britanniques à étudier en Europe mais aussi dans le monde. C'est un programme global doté de 100 millions de Livres qui bénéficiera à 35 000 étudiants, lesquels ne seront pas forcément les plus favorisés, comme c'était le cas avant. Le programme devrait être opérationnel à la rentrée 2021.

Il est vrai qu'il y a des frictions à la frontière franco-britannique. Les entreprises doivent en effet s'habituer à de nouvelles procédures, ce qui prend du temps et occasionne des retards. Toutefois, ces retards sont également dus à l'exigence de la France que les routiers soient testés pour le Covid-19 avant leur départ pour le continent. Cette exigence sanitaire, qui n'était pas prévue initialement, s'est ajoutée aux formalités douanières.

S'agissant de l'asile et de l'immigration, nous poursuivons nos discussions bilatérales avec la France. C'est un défi auquel nos deux pays sont confrontés et la coopération va se poursuivre afin d'adapter nos procédures et nos actions aux nouvelles pratiques des passeurs.

Enfin, le gouvernement britannique a longuement discuté avec la Commission européenne de la zone des 6-12 miles et ils se sont accordés sur la méthodologie pour l'octroi des certificats aux pêcheurs européens. Je ne peux pas vous dire quand ils seront concrètement octroyés mais le gouvernement le fera dès que possible.

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