Intervention de André Chassaigne

Réunion du mardi 30 mars 2021 à 17h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaAndré Chassaigne :

Je suis de ceux qui considèrent que l'Union européenne a échoué lors de cette crise sanitaire. Mais pouvait-il en être autrement ? Adepte de l'orthodoxie budgétaire, de la mise en concurrence perpétuelle, elle est apparue au cœur de cette tempête tout simplement telle qu'elle est. Je n'ai donc pas été surpris de voir qu'elle rechignait à investir 2 milliards d'euros dans la recherche sur les vaccins en plein cœur de la crise, quand les États-Unis engageaient 14 milliards de dollars. Je n'ai pas non plus été étonné de la petitesse d'un plan de relance de 750 milliards d'euros, assorti de cadeaux aux frugaux et de la promesse de libéraliser toujours un peu plus nos économies. Dans le même temps, le Japon mettait en place un plan de relance de 584 milliards d'euros et les États-Unis de 1 900 milliards de dollars.

Certains se plaisent à expliquer cette différence par l'assistance accordée par notre pays aux plus fragiles et aux entreprises, tandis que les Américains n'auraient rien fait. Pourtant, en 2020, les États-Unis ont dépensé 10 % de leur PIB à soutenir directement les ménages alors que la France y consacrait seulement 5 %. Comme le Président de la République l'a lui-même indiqué au cours de sa conférence de presse à l'issue du Conseil, ces insuffisances auront des conséquences : à la fin de l'année, le PIB de la zone euro ne devrait dépasser que de 1,7 % son niveau d'avant la crise, alors que les États-Unis le dépasseraient de 9 %.

Je n'ai pas plus été ébahi devant la naïveté de la Commission européenne, si soumise au dogme de la libre circulation des biens qu'elle pensait pouvoir triompher des logiques mortifères du capitalisme qui s'y attachent. Je pense notamment au comportement de la firme AstraZeneca, qui a manqué à sa parole. Comment est-il possible que les dirigeants européens aient mis si longtemps à réagir ? La situation sanitaire que nous connaissons est d'une telle gravité qu'il nous faut redresser la barre au plus vite.

Vous avez annoncé que la moitié des doses d'AstraZeneca confisquées dans une usine italienne reviendraient à l'Union européenne. Qu'adviendra-t-il de l'autre moitié ? Quels enseignements allez-vous tirer de cette crise ? Pouvez-vous revenir sur les mécanismes que la Commission va mettre en place pour lutter contre ces dissimulations ?

Comment sera organisé le déploiement du vaccin produit par Johnson and Johnson ? Combien de doses seront allouées à la France ?

Dans le contexte dramatique que nous connaissons, où, chaque jour, des médecins devront choisir entre les patients qui vont vivre et ceux qui vont mourir, pourquoi refuser le vaccin russe Spoutnik V ? Ce refus s'explique-t-il par des considérations idéologiques ?

Le 24 mars dernier, les parlementaires transalpins ont voté deux résolutions obligeant le gouvernement italien à travailler sur la levée des brevets des vaccins. La Maison-Blanche l'envisage aussi, ce qui permettra à d'autres pays de produire librement quand ils s'en seront donné les moyens. Pourquoi votre gouvernement a-t-il voté contre la levée des brevets à l'OMC, sous le curieux prétexte, avancé cet après-midi, que cela ne servirait à rien ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.