Intervention de André Gattolin

Réunion du jeudi 17 juin 2021 à 9h30
Commission des affaires européennes

André Gattolin, sénateur :

Je souhaiterais porter une réflexion plus générique sur le débat lui-même, sa méthodologie et ses objectifs.

La question du "qui" a été posée : les acteurs institutionnels, les citoyens, participeront à la Conférence sur l'avenir de l'Europe. Il nous reste à déterminer si la représentation citoyenne sera efficace et effective, ce qui constitue un vrai sujet.

Nous sommes particulièrement préoccupés par la question du cadrage : à quel horizon fixe-t-on le débat dans le cadre de la Conférence de l'Europe ? L'échéance de dix ans a été évoquée, ce qui est à la fois très long et très court. Ces dix années seront préemptées par le cadre financier pluriannuel de sept ans, ce qui laisse peu de marges de manœuvre. Il convient de rappeler que le Traité de Rome fêtera ses 65 ans l'année prochaine : la construction européenne s'inscrit dans un temps long, ce qui est particulièrement difficile à une époque où les transformations sont de plus en plus rapides.

Il y a dix ans, quelles visions projetions-nous sur l'Union européenne ? Envisageait-on le Brexit, l'état actuel des relations entre l'Europe et l'Amérique du Nord, ou encore la montée de la puissance chinoise ?

Il est donc nécessaire d'adopter une vision ouverte, et non pas seulement de se préoccuper du court terme. À l'horizon de dix ans, nous restons dans la projection des enjeux actuels.

Dans le cadre de la Conférence ont été définis neuf thèmes. Ces derniers seront-ils toujours pertinents dans dix ou vingt ans ? Aujourd'hui, les réflexions du Congrès américain portent sur l'horizon 2050, celles de la Chine sur l'horizon 2049. En Europe, nous pensons à l'horizon d'un ou deux mandats, ce qui risque de restreindre notre réflexion.

Nous avons aussi beaucoup de présupposés et de concepts qui sont enracinés au niveau européen. L'Union européenne repose sur la promesse d'un espace de paix et de prospérité partagé, et ce depuis le début de sa construction. Aujourd'hui, aucun grand continent ne pourrait revendiquer cela. Cet objectif était opportun après-guerre, maintenant, ce qui doit nous définir, c'est la compétition et notre rapport avec les autres dans l'ordre mondial, ce qui nous amène à dépasser le cadre des problématiques actuelles au sein de l'Union.

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