Le partenariat annoncé par le président Biden entre les États-Unis, l'Australie et le Royaume-Uni a rendu caduc le contrat portant sur la vente de sous-marins conventionnels que nous avions passé en 2016, ce qui a définitivement rompu la confiance avec nos alliés. Cette décision brutale affecte toute l'Union européenne. La présidente de la Commission européenne a d'ailleurs apporté son soutien à la France, en déclarant qu'elle avait été traitée « d'une manière qui n'est pas acceptable ».
La crise des sous-marins nous conduit à nous interroger sur la construction d'une défense européenne solide. Lors de son discours sur l'état de l'Union, Ursula von der Leyen a estimé qu'il était « temps pour l'Europe de passer à la vitesse supérieure ». Ce discours a aussi été l'occasion d'annoncer la tenue d'un sommet consacré à la défense européenne, qui sera organisé par la présidence française du Conseil. Vous semblez partager ce point de vue, monsieur le secrétaire d'État : à l'issue d'une réunion à Bruxelles le 21 septembre, vous avez appelé à une « prise de conscience » sur l'importance de renforcer l'autonomie stratégique de l'Union face aux États-Unis. Hier, les présidents Biden et Macron se sont entretenus par téléphone pour une clarification. Le président américain a estimé nécessaire que la défense européenne s'affirme et soit plus performante afin de compléter le rôle de l'OTAN.
Cette crise transatlantique sans précédent m'amène à vous interroger : quelle voie les États membres doivent-ils suivre pour structurer la souveraineté stratégique de l'Union, sachant qu'il existe d'importants obstacles tenant aux capacités, mais aussi à la volonté politique ? Comment l'Europe, première puissance économique mondiale, peut-elle affirmer sa puissance stratégique sur la scène internationale ? Quels orientations et objectifs la France souhaite-t-elle mettre en avant pendant sa présidence ?