Intervention de Olivér Varhelyi

Réunion du jeudi 9 décembre 2021 à 9h05
Commission des affaires européennes

Olivér Varhelyi, commissaire européen :

Sur l'entretien de l'espoir d'une éventuelle adhésion, nous devons envisager l'intégration des pays des Balkans occidentaux dans certaines prises de décision. Ce n'est pas seulement dans l'intérêt des jeunes des Balkans, mais c'est un intérêt partagé au sein de l'Union européenne. Mon travail porte en ce moment sur cela, même si je rencontre de nombreux obstacles. L'année dernière, je pensais avoir trouvé une solution mais le processus est actuellement à l'arrêt. Nous devons avancer rapidement car le temps presse.

Concernant l'implication des Balkans occidentaux dans l'agenda de l'Union européenne, je considère qu'il s'agit d'une des priorités de notre réflexion. Durant la crise sanitaire, nous avons très rapidement pu apporter un soutien aux Etats de la région. Nous avons mobilisé 3,3 milliards d'euros et apporté une aide micro-financière aux petites entreprises et macro-financière aux budgets des États en difficulté.

L'Union européenne travaille sérieusement sur la question de l'adhésion des pays des Balkans occidentaux. L'Union européenne s'efforce d'apporter son soutien sur les questions prioritaires : la crise sanitaire, l'emploi et la formation, la transition écologique et numérique favoriser la production d'emploi à l'échelle locale à travers une culture des PME ainsi que favoriser l'innovation et attirer les meilleurs talents.

Les Etats des Balkans ont besoin de plus de croissance et d'inclusivité dans leurs sociétés. Plus de 4 millions de personnes ont quitté les Balkans sur une population de 18 millions. Si cela continue, les économies de ces pays présenteront des carences importantes. Sans une économie efficace, des pratiques saines en matière d'État de droit, de justice, de liberté des médias, le processus d'adhésion n'aboutira pas. La région des Balkans doit devenir attractive aux yeux des investisseurs étrangers pour favoriser la création d'emplois.

Concernant l'engagement de la diaspora, je considère qu'elle peut faire un travail de communication parce que la culture, l'histoire ainsi que les mœurs de ces pays sont souvent méconnues dans l'Union européenne. connaître ces pays, c'est reconnaître la nécessité qu'ils adhèrent à l'Union européenne. Cela permettra de comprendre les liens forts qui nous unissent ainsi que l'interdépendance existante. La fuite des cerveaux est une preuve de la contribution importante apportée par les jeunes des Balkans occidentaux aux sociétés et aux économies d'Europe occidentale. La diaspora peut nous aider à expliquer pourquoi l'intégration des Balkans occidentaux est absolument indispensable pour l'Europe.

Même si la Commission pense que le Kosovo a rempli tous les critères pour la mise en place de l'exemption des visas à l'entrée de l'Union européenne, la décision revient aux États membres, qui n'en sont pas encore tous convaincus.

Pour répondre à Endrit Sadriu, l'Europe reste à mon sens un partenaire commercial fiable pour le Kosovo. Elle est le plus grand investisseur et le bailleur de fond principal du pays. De plus, nous appuyons le processus de réforme afin de lutter contre la corruption, contre la criminalité organisée et le terrorisme, ainsi que pour réformer le système judiciaire. La politique d'élargissement ne sera crédible et durable qu'à partir du moment où nous prendrons en Europe toutes les mesures qui permettront l'adhésion des Balkans Occidentaux ainsi qu'une véritable intégration sur le terrain.

L'emploi est une priorité du plan d'investissement européen dans la région car il s'agit d'un enjeu important pour les jeunes des Balkans. Notre objectif est d'inverser le problème de la fuite des cerveaux dans les Balkans. Si nous arrivons à augmenter les salaires dans la région à hauteur de 60 à 65 % des salaires européens, les jeunes d'origine des Balkans pourraient envisager de retourner dans leurs pays. Pour y parvenir, il nous faut donc une véritable coopération avec nos partenaires à un horizon de dix ans. L'extension du corps de solidarité aux pays des Balkans occidentaux est souhaitable afin de permettre une meilleure connexion de la région avec l'Union européenne. La mise en place d'une approche régionale dans les Balkans occidentaux, où les quatre libertés fondamentales sont appliquées, leur permettrait de récolter les bénéfices de l'application des règles de l'Union européenne avant leur adhésion stimulant ainsi la croissance de leur PIB d'au moins un tiers.

Pour répondre à M. Schennach, renégocier les accords de Dayton ne me semble pas être une bonne solution, bien qu'il faille aider la Bosnie Herzégovine à rénover ses institutions. Nous travaillons en revanche sur un paquet de solutions que nous présenterons d'ici la fin de l'année.

Comme l'a affirmé M. Brandstätter, la région a besoin d'un tissu de PME plus concurrentiel, axé sur la recherche et l'innovation. Il faut développer le système d'éducation afin d'avoir une main-d'œuvre qualifiée. Nous avons des programmes de financement novateurs afin de mettre en place plus de start-ups.

La Commission européenne a donné la priorité aux actions concrètes et ensuite à la communication. Pour cette raison, nous nous sommes concentrés sur les blocages et les goulets d'étranglement : infrastructures de transports, internet, et énergies renouvelables. L'intégration régionale et européenne dépend de la connexion des capitales entre elles par le rail et les autoroutes. Nous devons également développer des connexions internet haut débit entre les capitales, et enfin les aider à sortir du charbon, le plus vite possible, et à investir dans les énergies renouvelables. Il faut donc se penser sur les questions tangibles qui changent le quotidien des gens.

Nous obtiendrons des résultats au cours des cinq prochaines années. Mais c'est seulement par la voix des jeunes que nous pourrons savoir si ces investissements sont effectifs et apportent des résultats.

Pour conclure, nous ne devons pas attendre que le conflit entre la Bulgarie et la Macédoine du nord se règle de lui-même, avant de faire des efforts pour la jeunesse. Nous n'avons pas de temps à perdre, car ces débats ne bénéficient pas à l'Europe, ni aux Balkans occidentaux.

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