Intervention de Jérôme Cibadier

Réunion du mardi 3 avril 2018 à 8h45
Groupe de travail sur les conditions de travail à l'assemblée nationale et le statut des collaborateurs parlementaires

Jérôme Cibadier, adjoint technique de la déléguée nationale pour le handicap du ministère des armées :

Vous nous demandez ce qu'il conviendrait, selon nous, d'améliorer en priorité. Au ministère des armées, cela se restreint au domaine de l'accès à l'emploi et à un poste de travail pour les agents que nous recrutons ou pour ceux de nos agents qui deviennent handicapés après avoir été blessés quand il s'agit de militaires, ou après un accident de la vie quand il s'agit de civils. Nous avons remarqué qu'il y avait deux grandes barrières : celle de l'accessibilité qui, de manière générale, est relativement physique, et celle de la communication avec les autres, notamment pour les personnes en situation de handicap auditif, de parole ou une ayant une forme d'autisme.

Comme beaucoup d'administrations, nous rencontrons des problèmes en matière d'accessibilité du cadre bâti, parce que le patrimoine immobilier est ancien. Réaliser des travaux nécessite beaucoup de moyens, tant techniques que financiers. Nous essayons au maximum de les réaliser ou de trouver des mesures compensatoires, tout en conservant bien entendu la qualité d'usage pour les personnes en situation de handicap.

Quant à la question des barrières liées à la communication, elle rejoint celle que vous avez posée sur les personnes en situation de handicap auditif. Depuis six ans, nous avons un marché qui nous permet de leur fournir une prestation de téléphonie adaptée, qui représente la partie la plus importante de leurs difficultés de communication avec les autres. Depuis six ans également, nous avons un autre marché à destination des personnes en situation de handicap visuel. Il s'agit de tout un panel d'aides techniques et d'aides humaines en direction des malvoyants, des non-voyants, et de ceux qui lisent le braille ; en résumé, des aides qui s'adaptent vraiment à la pathologie. Nous leur permettons de suivre des stages afin d'améliorer leurs capacités d'utilisation et de communication avec les autres.

Selon moi, les grandes barrières restent l'accessibilité, qui est l'un des cinq thèmes prioritaires de la stratégie du Conseil de l'Europe 2017-2023. Les autres thèmes sont l'égalité et la non-discrimination, (le ministère des armées étant rarement touché par ce genre de problème), la sensibilisation (qui est très importante et doit commencer très tôt par l'école, avant de se poursuivre dans le monde du travail), la reconnaissance de la personnalité juridique et, enfin, le droit à ne pas être soumis à l'exploitation, à la violence et la maltraitance – qui n'est pas non plus un problème dans notre ministère. L'accessibilité reste donc le problème majeur. Et quand on parle d'accessibilité, bien souvent tout le monde ne pense qu'au fauteuil roulant. Quand on construit des bâtiments neufs, le problème que nous rencontrons, c'est que les associations ne traitent que d'un seul handicap. Nous manquons de personnels ayant une connaissance globale du handicap. Quand vous parlez par exemple de sécurité incendie, vous ne vous adressez pas à un grand brûlé, mais à un pompier professionnel qui connaît toutes les situations de feu. Dans le monde du handicap, il faut malheureusement réussir à collecter les informations d'une quinzaine d'associations au minimum avant de parvenir à un résultat probant, sachant que, parfois, certains aménagements techniques d'accessibilité pour les uns risquent de pénaliser les autres. Ce qui manque en France à l'heure actuelle, c'est une formation au polyhandicap. Je me rends compte que j'ai cette formation, parce que j'ai appris sur le tas, mais je suis aussi le seul au ministère des armées à avoir cette formation et j'ai très peu d'homologues d'un point de vue technique. Il faudrait travailler en amont avec les écoles qui permettent de former les bâtisseurs, les concepteurs. En la matière, une directive du Conseil de l'Europe de 2001 n'a jamais été vraiment appliquée en France, c'est-à-dire que la notion de conception universelle n'a jamais été mise en place dans toutes les formations de bâtisseurs, permettant d'avoir des produits conçus pour le plus grand nombre, quels que soient le genre, la taille, les autres caractéristiques physiques, le handicap et les capacités culturelles.

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