À partir du 1er août, nous avons identifié trois catégories de pays. Treize pays européens « verts » ont été définis, chaque pays pouvant réduire cette liste. C'est notre cas, puisque nous l'avons restreinte à onze pays « verts » dont les ressortissants n'ont plus besoin d'autorisation ni de justificatif pour entrer sur notre territoire. À compter du 1er août, le Premier ministre a mis en place le régime des pays soumis à test préalable, répartis en deux catégories : les pays considérés comme très rouges dont les ressortissants devaient présenter obligatoirement, à partir de l'âge de 11 ans, un test à la compagnie aérienne avant d'embarquer et les pays considérés comme rouges dont les ressortissants étaient invités à pratiquer un test à l'arrivée et, le cas échéant, à se soumettre à une quatorzaine. Ces deux catégories de pays étant, de toute manière, soumises à un régime déclaratif d'attestations dérogatoires, afin d'indiquer les motifs de venue sur notre territoire : santé, professionnel, familial ou autre.
Ce régime de circulation a été bien compris. La direction générale de l'aviation civile l'a diffusé à l'ensemble des compagnies aériennes. Les représentations consulaires et diplomatiques ont fait de même. Les compagnies se sont tenues informées. Cela s'est très bien passé, ce qui nous a nous-mêmes étonnés.
Présents pour sécuriser les opérations sanitaires de contrôle des personnes, nous n'avons pas eu à déplorer d'incidents majeurs. Je le répète, cinquante voyageurs ont été placés en quatorzaine. La police aux frontières notifie alors un arrêté préfectoral de placement en quatorzaine des personnes. Sur 300 000 passagers, nous n'avons connu que 76 refus ou réticences à subir les tests. La liste des pays étant révisée tous les quinze jours, il était difficile pour les passagers de suivre l'évolution du régime de circulation. Nos personnels ont dû faire preuve de souplesse et d'adaptabilité.
Ce n'est pas de gaieté de cœur que des restrictions au passage des frontières ont été apportées car nous sommes très attachés à la liberté de circulation. Durant la période de confinement, des personnes ne respectaient pas les interdictions. Nos compatriotes n'auraient pas compris qu'on puisse librement franchir les frontières dans les zones frontalières, alors qu'il fallait rester chez soi à l'intérieur du territoire. C'est pourquoi des obstacles ont été installés. Je comprends qu'il y ait eu des difficultés au pont Saint-Jacques ou au pont de Béhobie, mais nous nous sommes assurés que le franchissement des marchandises s'effectuait en moins d'un quart d'heure, conformément à l'obligation fixée par la Commission européenne.
Depuis 2015, la police aux frontières est sur nombre de fronts, qu'il s'agisse de la lutte antiterroriste ou du contrôle des flux migratoires. Pendant la période du confinement, nous avons mis en place un plan de continuité d'activité. Nous avons travaillé par bordées. Plutôt que de faire travailler tout le monde, nous avons mis au repos 50 % des personnels, qui étaient rappelables. Ne vous inquiétez pas, les personnels de la police aux frontières sont en pleine forme et réalisent un travail formidable.
L'aéroport de Roissy comporte neuf aérogares. Paris Aéroport a fermé Orly pendant plusieurs semaines et le trafic a été reporté sur Roissy. Mais le trafic ayant chuté de 98 %, Paris Aéroport a concentré le trafic sur deux aérogares, ce qui a désorganisé les flux habituels du fait d'équipements sous-dimensionnés. Si les passagers se pressent et se croisent à certains endroits, nous le déplorons, mais l'organisation des files d'attente ne relève pas de la responsabilité de la police aux frontières. L'orientation, l'accueil, l'accompagnement des passagers sont assurés par chaque gestionnaire d'aéroport, que ce soit à Paris, pour Paris Aéroport, à Lyon ou à Marseille. Il leur revient d'organiser, d'orienter et de guider les passagers. Il n'est pas normal que les passagers domestiques soient mélangés avec des passagers internationaux. Il faut organiser les flux. Nous l'avons vérifié, le temps d'attente ne dépasse pas quinze minutes. Cependant, les passagers sont un peu perdus, il faut les tenir par la main et faire presque du sur-mesure en s'occupant de chacun d'eux. On ne peut que déplorer l'absence de distanciation physique mais le regroupement du trafic sur deux aérogares a concentré le nombre de passagers. Le trafic quotidien à Roissy oscille actuellement entre 30 000 et 50 000 passagers, contre 250 000 d'ordinaire.
Nous n'avons pas relevé de difficulté particulière pour les contrôles. Les passagers s'y soumettent volontiers. À une certaine époque, ils souhaitaient même être contrôlés et soumis à des relevés de température. Ils se demandaient pourquoi on prenait telle mesure dans tel pays et pas en France.