Madame la ministre des Armées, peut-être est-ce la dernière fois de la législature que notre commission vous reçoit. Je dis : peut-être, car si la situation internationale venait à se dégrader et l'exigeait, je n'hésiterais pas à vous solliciter à nouveau, avec l'accord du bureau, pour vous demander de venir devant notre commission, en dépit de la suspension des travaux parlementaires.
Quoi qu'il en soit, je veux vous remercier pour la grande disponibilité dont vous avez fait preuve tout au long de la législature et pour l'aide que votre cabinet et vos services nous ont apportée. Votre compréhension, votre patience et votre technicité nous ont été très précieuses.
Une audition bilan était initialement prévue la semaine prochaine, mais nous avons jugé opportun d'en avancer la date, compte tenu de l'actualité internationale et, surtout, de la programmation de la déclaration du Gouvernement suivie d'un débat sur la situation au Sahel au Sénat. Aussi, je remercie Jean-Jacques Ferrara et Philippe Michel-Kleisbauer d'avoir bien voulu reporter à demain la présentation qu'ils devaient faire cet après-midi de leur rapport sur la Méditerranée.
Il nous a semblé en effet que votre audition ne pouvait plus attendre, en raison de la dégradation de la situation et du contexte politique observée au Mali, dégradation dont témoignent l'expulsion récente de notre ambassadeur à Bamako et la multiplication de propos peu amènes à notre égard de la part de la junte militaire, laquelle refuse toujours toute transition démocratique ou ne l'envisage pas avant plusieurs années. Le coup d'État au Burkina Faso, le 24 janvier dernier, après ceux de 2020 et de 2021 au Mali et celui de 2021 en Guinée, doit également être pris en compte dans ce contexte, marqué en outre par les entraves que la junte malienne multiplie à l'action des forces occidentales, pourtant appelées en assistance, et par le déploiement des mercenaires russes de Wagner au Mali.
Dès lors, la question de savoir si les conditions du succès de notre engagement au Sahel sont toujours réunies est légitime. L'annonce du retrait danois de Takuba et la décision de la Norvège de renoncer à l'envoi d'un petit contingent sont autant de signes très négatifs. Vous-même, madame la ministre, vous êtes rendue au Niger les 2 et 3 février. Par ailleurs, une partie substantielle des travaux du sommet Union européenne-Union africaine, qui se tiendra à Bruxelles à partir de jeudi, devrait être consacrée à la situation et à l'avenir de Barkhane. Des annonces sont donc attendues. Le débat prévu dans notre hémicycle le 22 février devrait être l'occasion pour le Gouvernement de s'expliquer, mais la commission de la défense souhaite avoir la primeur de votre analyse et savoir quel chemin il vous semble possible de suivre pour continuer la lutte contre le terrorisme, lequel continue à progresser au-delà de la bande sahélo-saharienne. Bref, faut-il rester au Sahel ? Et, si oui, à quelles conditions pouvons-nous encore le faire ?
L'autre sujet d'actualité est la situation en Ukraine, contre laquelle les États-Unis ont déclaré craindre une offensive imminente de la Russie. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a pour sa part déclaré hier que tous les éléments étaient réunis pour que soit menée une offensive forte par les forces russes en Ukraine. Au lendemain du déplacement du Président de la République à Moscou et à Kiev et après l'annonce par la Russie, ce matin même, du retrait de premières unités déployées à proximité de l'Ukraine, estimez-vous qu'une attaque est encore possible, plausible ou imminente ? Dans cette hypothèse, quelles pourraient être les réactions des partenaires occidentaux ?