Madame la présidente, je vous remercie de la tenue de ces auditions, qui sont si importantes pour le retour au calme et l'apaisement en Corse. Le peuple corse a exprimé, au cours des derniers jours, un désir profond et viscéral de justice et de vérité. Le drame qui est à l'origine de cette audition ne se serait pas produit si Yvan Colonna avait été incarcéré à la prison de Borgo, comme il aurait dû l'être.
La responsabilité de l'État dans cette affaire est immense. Depuis cinq ans, nous n'avons cessé, députés et sénateurs, d'œuvrer pour que les prisonniers corses fassent l'objet d'une juste application du droit. Le maintien réitéré de leur statut de détenu particulièrement signalé (DPS), fruit d'une décision politique inique, a été décidé en dépit de l'avis des commissions locales compétentes, du bon sens et surtout du droit. Yvan Colonna a toujours eu un parcours carcéral exemplaire et ne présentait aucun danger particulier. Tel est aussi le cas de Pierre Alessandri et d'Alain Ferrandi, comme nous l'ont indiqué tous les directeurs de prison que nous avons consultés.
Monsieur le directeur, j'ai plusieurs questions à vous poser.
Pourquoi la commission chargée de statuer sur le maintien du statut de DPS des détenus Ferrandi et Alessandri en 2021 ne s'est-elle pas réunie ? Cette commission émet des avis consultatifs, qui sont systématiquement suivis par le Gouvernement. Leur avis n'a cependant pas été suivi sur le dossier corse. Pour quelle raison ?
Il y a moins d'un mois, de nombreux députés ici présents se sont rendus à la maison centrale de Poissy. Nous avons échangé avec tous ses responsables, comme nous l'avions déjà fait par le passé. La directrice de l'établissement nous a bien spécifié que les deux détenus dont nous parlons ne posaient aucun problème de comportement. Vous avez rappelé qu'elle avait émis un avis favorable à toutes les demandes de levée du statut de DPS qui lui avaient été soumises au cours des deux années précédentes. Cette année, elle a émis un avis contraire. Avez-vous reçu ou donné des instructions en ce sens ?
S'agissant du détenu Elong Abé, comment son placement à l'isolement a-t-il pu être levé ? Compte tenu de votre expérience au sein de l'administration pénitentiaire, comment pensez-vous que cette décision a été prise ? À titre personnel, considérez-vous qu'elle était bonne ? On le sait, ces détenus appliquent les principes de la taqiya. Comment en est-on arrivé à faire en sorte que les chemins des deux personnes concernées se croisent ?
Vos réponses, monsieur directeur, avec tout le respect que je vous dois, sont très attendues en Corse pour contrer toute théorie du complot.