Intervention de Éric Coquerel

Réunion du vendredi 18 mars 2022 à 11h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Coquerel :

Nous avons affaire à un choc d'offre, avez-vous dit. Or il y aura probablement d'autres chocs d'offre dans les années à venir. Ces chocs sont d'autant plus rudes lorsqu'il y a un problème de demande, autrement dit un problème de pouvoir d'achat, lequel se résout non pas par des primes conjoncturelles mais par l'augmentation des salaires et des revenus du travail. C'est un premier point de désaccord.

Depuis septembre dernier, nous demandons un blocage du prix des carburants. Nous proposons de fixer le prix maximal à 1,40 euro le litre, celui d'avant la crise. Tant qu'il n'y aura pas de blocage du prix, les mesures seront toutes absorbées rapidement par de nouvelles augmentations. C'est ce qui s'est passé avec l'indemnité inflation de 100 euros ; c'est ce qui se passera avec la remise de 15 centimes par litre, véritable usine à gaz. Qui plus est, avec cette mesure, on ne va pas chercher l'argent là où on le devrait. On ne peut pas se contenter de dire, comme vous venez de le faire, que les compagnies pétrolières devraient consentir des efforts. Il faut en priorité aller chercher l'argent auprès des entreprises qui réalisent des bénéfices, par exemple TotalEnergies, qui a tout de même versé 7 milliards d'euros de dividendes l'an dernier. C'est en dernier ressort que l'on pourra envisager une TICPE flottante.

Il faut apporter aux entreprises une aide plus importante, mais de manière conditionnelle, voire contrainte, contrairement à ce qui a été fait auparavant. Par exemple, ce qui est proposé en faveur du BTP est notoirement insuffisant. Rappelons que de nombreux professionnels du secteur occupent en ce moment des dépôts d'essence. Ils ne sont pas seulement confrontés à l'augmentation du prix du carburant : le prix des tubes de PVC, entre autres, a presque doublé en quelque mois. Il faut donc imaginer des aides précises.

La question de notre souveraineté énergétique se pose. Nous devrions, je le répète, réfléchir à la politique du tout nucléaire, ou du presque tout nucléaire, compte tenu de sa dangerosité – nous en sommes témoins en Ukraine – et de la dépendance qu'elle implique – contrairement à ce qui est affirmé, la France est dépendante du Niger et du Kazakhstan pour son approvisionnement en uranium. Il convient d'accélérer la transition vers 100 % d'énergies renouvelables, seul programme à même de nous rendre souverains et indépendants d'aléas qui sont appelés, hélas, à se répéter.

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