Je vais maintenant poser une série de questions auxquelles vous pourrez apporter des réponses précises, mais assez brèves.
En réaction à la présentation du professeur Orlikowski, certains handicaps sont difficiles à classer ; dans le domaine du polyhandicap, on voit des pathologies variées, parfois mal identifiées et souvent invisibles. Elles méritent tout autant qu'une aide active soit apportée par la société aux personnes qui en ont besoin, que ce soit sur un plan technique ou sur un plan social. Peut-on parler de ces handicaps, qui n'entrent pas dans le cadre très structuré avec lequel vous avez posé le débat ?
Les opérations que monsieur Picaud a présentées sont impressionnantes. Qu'impliquent-elles en matière de préparation des patients ? Que peut-on dire sur les phénomènes d'adaptation et de plasticité cérébrale mis en œuvre ? Quelles sont les variations en fonction de l'âge et de l'apprentissage ?
Voici une question qui s'adresse à tous les intervenants : Nous avons beaucoup parlé de l'assistance aux actions du quotidien. À ce titre, la démonstration de Wandercraft était très impressionnante. Y a-t-il d'autres objectifs à rechercher en matière de compensation du handicap, par exemple en termes de réalisation personnelle, artistique, sportive, professionnelle ? J'ai pris connaissance avec intérêt – et étonnement – du Cécifoot où des personnes non-voyantes peuvent participent à des parties de football à l'aide de certains dispositifs technologiques. Que peut-on dire sur ce genre de recherches ?
Dans mon environnement professionnel, j'ai été en contact avec plusieurs mathématiciens aveugles, tel Emmanuel Giroux, professeur à l'École normale supérieure de Lyon. Son insertion dans la vie professionnelle a été bouleversée par deux innovations. La première a été l'apparition des réglettes en braille qui permettent de faire instantanément la connexion entre le toucher et l'interface électronique. Ceci permet de lire des courriels sans difficultés. La deuxième est l'apparition des logiciels ad hoc dans le monde mathématique, qui codent les formules par un système entièrement alphanumérique. Ils permettent de lire directement à travers la réglette braille, ce qui est une aide extraordinaire pour un mathématicien atteint de cécité. Ce type d'innovation a un impact majeur et n'entre pas directement dans le champ de l'innovation technologique biomédicale. Certains d'entre vous ont-ils des commentaires sur ces développements ?
À l'INRIA, j'ai vu des expériences d'apprentissage de commande par la pensée, d'un drone notamment, et ce, avec un mécanisme d'apprentissage automatique au niveau de l'outil et un apprentissage mettant un jeu des mécanismes de plasticité du cerveau du côté de l'utilisateur. Ces expériences étaient menées dans l'objectif de développer des applications très recherchées pour des personnes paralysées. Où en sont ce genre de travaux ?
L'actualité récente a fait état d'un ingénieur dont le travail est la construction de prothèses low tech. En l'espèce, il s'agissait d'une prothèse adaptée pour un enfant, fabriquée en LEGO® car celui-ci avait des difficultés avec les prothèses commerciales. D'après ce que j'ai saisi, des professionnels sont capables de fabriquer des prothèses sur mesure grâce à l'impression 3D. Peut-on considérer qu'un avenir commun est possible entre la low tech, utilisant des matériaux issus de la grande distribution, et la high tech ? Ou cette dernière va-t-elle remplacer la première en investissant dans des segments de coûts très bas et sur une personnalisation forte ?
Concernant l'articulation du secteur public et du secteur privé, vous avez insisté à la fois sur la fuite du public vers le privé et sur la grande difficulté à lever des fonds privés. Peut-on élucider ce paradoxe ?
Je rappelle, à titre d'anecdote, que c'est le physicien Leo Szilard qui, dans une nouvelle de science-fiction intitulée La fondation Mark Gable, a imaginé un processus de ralentissement de la recherche scientifique ; cette nouvelle a connu une certaine notoriété lorsque le débat public s'est porté sur la place de l'ANR dans le financement de la recherche.
Enfin, le crédit d'impôt recherche est-il un instrument mobilisable dans le domaine qui vous intéresse ? Certaines entreprises représentées autour de cette table ont-elles pu en bénéficier ? Il s'agit d'un sujet de débat récurrent et sensible, et le crédit d'impôt recherche concerne d'ailleurs plus le développement que la recherche à proprement parler.