Intervention de Marc Ollier

Réunion du mercredi 30 mars 2022 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Marc Ollier, chef d'établissement de la maison centrale d'Arles :

Lors du drame, comme à l'ordinaire, vingt-cinq agents et deux gradés étaient dans le secteur des détenus, auxquels s'ajoutent des agents dits en poste fixe – vaguemestre, bureau de gestion de la détention, cuisine, vestiaire, unité sanitaire –, soit quarante-trois personnels pour un établissement qui comprend douze ailes, dont quatre abritent des salles d'activité, les autres étant composées de cellules, où sont notamment détenus quinze DPS. Il est matériellement impossible d'affecter un agent à un, deux, trois ou quatre DPS – le règlement ne le prévoit d'ailleurs pas. Le seul moyen de séparer effectivement les DPS est de les placer en isolement, ce qui en l'occurrence n'était justifié ni pour M. Colonna, ni pour M. Elong Abé. Chacune des six ailes d'hébergement, plus les quartiers d'isolement et disciplinaire (QI et QD), comporte un DPS : il y en a deux au QI, les autres étant détenus dans des conditions ordinaires.

Le visionnage des images n'a pas été possible de trente secondes à deux minutes – la société de maintenance n'a pas pu être plus précise mais, quoi qu'il en soit, cela n'aurait rien changé.

PCI et PIC datent de la réouverture de l'établissement, en 2009, après l'inondation de 2003 : ergonomie des postes, matériels et matériaux, tout est en train de changer. Les travaux de maintenance et de modernisation du PIC du bâtiment A ont commencé en septembre et ils ne sont pas encore achevés. Le débranchement des ordinateurs a été nécessaire pendant non pas trente secondes mais, selon moi, une à deux minutes. Quoi qu'il en soit, l'incident était déjà en cours et Yvan Colonna n'a pas pu se déplacer jusqu'au bouton d'alarme « coup de poing », ce qui aurait permis à la caméra de se focaliser sur la scène.

Un agent et un gradé sont affectés au PCI, où ils font face à deux écrans d'un mètre sur 60 centimètres, divisés en neuf tuiles, où les images défilent en permanence. Ils surveillent ainsi les appels de portes, les alarmes ou les erreurs d'alarme éventuelles et la périmétrie – chemins de ronde, zones interdites aux détenus. Dans ce dernier cas, une caméra fixe permet de détecter les incidents. En tout, le PCI contrôle une quarantaine de portes et environ autant de caméras. Si les PIC des bâtiments ne fonctionnent pas, par exemple faute de personnels, le PCI en prend le contrôle. Il peut donc accéder aux 280 caméras de l'établissement et à la trentaine d'alarmes volumétriques à hyperfréquence des chemins de ronde. La situation diffère de celle des centres de sécurité urbaine, qui sont dotés d'un écran immense. Le défilement permanent des images rend quasiment impossible la détection de quoi que ce soit, sauf pour la périmétrie. En journée, les agents de ce poste n'ont pas vocation à prendre le contrôle des bâtiments, à ouvrir portes et grilles, à regarder les caméras dans telle ou telle salle ou dans les escaliers. Ils ne le font que si un PIC ne fonctionne pas.

Deux agents sont affectés au PIC du bâtiment A, respectivement de 7 heures à 13 heures et de 13 heures à 20 heures. Ils disposent de trois écrans afin de vérifier les alarmes, les demandes d'ouverture de portes et de grilles électriques – une quinzaine, ce qui est beaucoup –, et les scénarios. L'écran réservé à ces derniers mesure 50 centimètres sur 30 et est divisé en neuf tuiles où défilent les images de quarante-six caméras intérieures et trois caméras extérieures, soit à la demande de l'agent, soit à travers le système de scénarios.

Le scénario nuit est simple – pas de mouvements, à l'exception de ceux des agents rondiers ; le scénario jour se focalise sur les descentes d'escaliers et sur les ailes, en particulier les deux étages où sont les détenus, dont les QI-QD. Cela permet de vérifier s'il y a des incidents lors des déplacements collectifs, par exemple pendant les promenades.

La salle de sport comporte deux caméras mais l'agent n'avait pas de raison particulière de s'y focaliser. Comment aurait-il pu deviner qu'une agression s'y déroulerait, avec ces deux détenus qui s'entendaient bien, qui faisaient du sport ensemble ? Le réglage était celui du scénario jour, en vigueur depuis la réouverture de 2009 et dont personne ne s'est plaint jusqu'ici.

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