Intervention de Marc Ollier

Réunion du mercredi 30 mars 2022 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Marc Ollier, chef d'établissement de la maison centrale d'Arles :

C'est pourtant la vérité – il n'y a aucun intérêt à cacher ce type d'information.

N'étant pas en poste à l'époque, il m'est difficile de vous répondre sur les remises de peines supplémentaires. Sachez cependant qu'il s'agit d'une décision du juge d'application des peines en matière de terrorisme (JAPAT), l'administration pénitentiaire n'émettant qu'un avis.

Chez nous, les opérations de maintenance ont toujours lieu en journée, jamais la nuit, car ne sont présents qu'un gradé et treize agents – en cas de problème, on est vite dans la panade. Ces opérations ont commencé en septembre et durent encore. C'est un hasard si elles se déroulaient dans le bâtiment A ce jour-là. La coupure a duré entre trente secondes et deux minutes trente – je penche plutôt pour une minute à deux minutes trente. Les opérations sont réalisées par une entreprise privée, mandatée par l'administration, et non par le personnel pénitentiaire.

Je vous le confirme, les agents ne voient pas toutes les images des quarante-six caméras intra muros et des trois caméras installées en dômes pour la surveillance des promenades. Les écrans sont trop petits. Un système de scénarios choisit donc les images prioritaires. En journée, c'est le scénario « promenades et déplacements pour les activités » qui est retenu. Il n'a pas été modifié depuis 2009.

Pourquoi, alors qu'il y a un agent, surveiller par vidéo les promenades plutôt que d'autres zones ? Tout simplement parce que c'est souvent à l'occasion des promenades que se produisent des agressions collectives, des refus de remonter ou des tentatives d'évasion. Le système est identique dans toutes les prisons – Guéret, Tulle, Fleury-Mérogis ou Arles. En cas d'agression, je peux vous dire, pour l'avoir vécu, qu'on est très satisfait d'avoir des caméras : elles n'évitent pas l'incident mais permettent de prouver les faits.

En maison d'arrêt, voire en centre de détention (CD), il n'y a pas de caméra dans les salles d'activités. À Arles, il y en a deux dans celle dédiée à l'activité cardio, car c'est une maison centrale. Alors que l'établissement est relativement petit, il dispose tout de même de 280 caméras au total. Le centre de détention de Tarascon, que j'ai dirigé il y a quelques années, n'en avait pas autant alors qu'il est trois fois plus gros.

S'agissant de l'accompagnement et de la surveillance de Colonna, il n'existe pas de régime dérogatoire de surveillance ; en France, c'est interdit. On surveille les cellules, on les fouille, ainsi que les détenus ; on fait attention quand ces derniers sortent, mais on ne peut accompagner un détenu en permanence, à moins qu'il ne soit isolé. Seul Salah Abdeslam, à Fleury-Mérogis, est accompagné et surveillé en permanence. Que Colonna ait été un détenu médiatique, je n'en disconviens pas, mais il n'existe pas de régime particulier pour ce type de détenus en France. Tel est l'état du droit, qui peut bien sûr évoluer.

Pourquoi n'y avait-il pas d'agent au moment de l'agression ? Il y avait bien, en effet, ces deux DPS au même endroit, et quatre autres dans cette partie de l'aile mais, dans l'autre partie, se trouvaient des personnels féminins en présence de sept détenus, parmi lesquels des cas psychiatriques lourds. Si agression il devait y avoir, c'était a priori plutôt de la part d'un détenu « cas psy » sur une femme, d'autant que Colonna et Elong Abé se connaissaient bien, faisaient du sport et discutaient souvent ensemble. Je n'irai pas jusqu'à dire qu'ils étaient amis, mais ils se fréquentaient.

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