Intervention de Marc Ollier

Réunion du mercredi 30 mars 2022 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Marc Ollier, chef d'établissement de la maison centrale d'Arles :

. Je n'ai pas connu Yvan Colonna, mais je n'ai pas vu mention dans son dossier d'une attitude agressive. Il a parfois répondu à un détenu ou un agent, ce qui, dans une vie en collectivité carcérale de plusieurs années, peut se comprendre, à défaut d'être excusable. Il n'a jamais été violent, du moins à la maison centrale d'Arles. Il n'a commis ni prise d'otage ni dégradation de cellule.

Que Colonna ait blasphémé ne semble pas crédible, d'après tous les comptes rendus dont nous disposons à son sujet. Il était très ouvert, avec les détenus musulmans comme avec tous ceux dont il ne partageait pas les opinions. Je n'ai pas de preuve sur ce point, mais mon sentiment est qu'il s'agit d'un prétexte. Je me permettrai de livrer mon sentiment sur la raison pour laquelle Elong Abé a agressé Colonna.

Elong Abé, jusqu'au 2 mars, qui en avait entendu parler ? Personne ici, sinon ma collègue et moi-même. Les djihadistes – ceux du 11 septembre, ceux qui ont frappé à Paris et les autres – veulent être reconnus comme tels, ce qui suppose de provoquer quelques dégâts. Que pouvait faire Elong Abé pour ne pas rester un inconnu parmi les quelques centaines de djihadistes qui se trouvent en France ? Agresser un surveillant, le tuer ? De telles tentatives ont déjà eu lieu : les médias en auraient parlé deux ou trois jours. Agresser le directeur de l'établissement ? On en aurait parlé trois ou quatre jours. Alors qui ? Le détenu le plus connu de la prison : Yvan Colonna. Qu'il ait blasphémé ou non, qu'il ait déclaré que si Dieu existait, la guerre n'existerait pas, peu importe, ce n'est pas crédible. Il voulait se payer quelqu'un de connu. Tel est mon sentiment, à défaut de preuve.

Je n'ai pas connu Yvan Colonna, mais j'en parle avec émotion car il s'agit d'une agression particulièrement violente contre un être humain qui ne pouvait pas se défendre. Peut-être en verrez-vous les images dans le cadre d'une commission d'enquête.

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