Intervention de François Pupponi

Réunion du mercredi 30 mars 2022 à 10h00
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Pupponi :

La presse a rapporté – il est d'ailleurs choquant qu'elle ait eu accès au dossier d'instruction, même si ce n'est ni la première ni la dernière fois –, qu'Yvan Colonna a crié. Ces cris ont-ils été entendus par des gardiens ou des prisonniers ? Par ailleurs, avez-vous été informés d'un éventuel problème entre M. Elong Abé et M. Mattei quelques jours avant l'agression de M. Colonna ?

Plus généralement, j'ai été un peu étonné de vos réponses, que je ne mets aucunement en doute. Elong Abé fait partie des détenus qui ont été sur des théâtres d'opérations, en Afghanistan, en Syrie ou en Irak, qui ont donc été amenés à tuer des personnes. Les psychiatres s'accordent à dire que quiconque a tué a tendance à recommencer, sous l'effet de pulsions sanguinaires pathologiques. Que vous, responsables de la prison où était enfermé Elong Abé, n'ayez pas eu connaissance de ce qu'il avait fait en Afghanistan est pour moi impensable. D'après les spécialistes que j'ai consultés, les agents du service national du renseignement pénitentiaire (SNRP) sont en contact presque quotidien avec ceux de la DGSI pour échanger leurs vues respectives sur ces détenus. J'ai même appris que toute demande d'un détenu classé DPS pour devenir auxiliaire est transmise à la DGSI.

Si l'on consulte le dossier d'Elong Abé, on constate qu'il a sauvagement tué des personnes. On ne peut qu'en déduire qu'il est potentiellement dangereux. Il a déjà tué, il y a de grandes chances qu'il recommence. Partout où il a été incarcéré, il a semé la panique et, comme par hasard, il se calme le jour où il arrive à la maison centrale d'Arles et, comme par hasard, il approche Yvan Colonna. On en vient à se demander s'il ne s'est pas fait enfermer à Arles exprès : une fois dans la place, il approche Colonna, parvient à se faire affecter à l'entretien de la salle de sport et le tue. Je ne veux pas verser dans la paranoïa aiguë, mais cela commence à faire beaucoup ! Elong Abé parlait-il avec de nombreux autres détenus ou entretenait-il avec Colonna une proximité particulière ?

Quoi qu'il en soit, que la DGSI n'ait jamais informé le SNRP et que celui-ci n'ait jamais informé le chef d'établissement de ce qu'a fait Elong Abé par le passé constitue une faille terrible du système de renseignement. Un assassin sanguinaire, on le surveille différemment des autres. Si vous ne saviez pas qu'il l'était, il est évident que vous ne pouviez rien faire. Qu'on ne vous l'ait pas dit est à mes yeux surréaliste.

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