Bien que l'Assemblée ait suspendu ses travaux, notre commission se doit de rester en alerte face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine. Après M. Bruno Le Maire, il y a quinze jours, et M. Julien Denormandie, la semaine dernière, nous avons le plaisir d'accueillir aujourd'hui Mme Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, pour évoquer avec elle les répercussions de cette crise en matière d'approvisionnement énergétique.
La guerre a un impact très fort sur le prix de l'énergie : les tarifs du gaz et du pétrole ont bondi respectivement de 52 % et de 64 % depuis le début de l'année. La poussée inflationniste qui en découle a été – on ne le dira jamais assez – relativement modérée en France, du fait des mesures prises par le Gouvernement. L'inflation est de l'ordre de 4 % dans notre pays, alors qu'elle atteint 7 à 10 % dans la plupart des pays industrialisés et que l'on évoque une inflation de près de 8 % sur l'année dans la zone euro.
Cette guerre soulève deux autres questions cruciales. La première, c'est celle de la dépendance de l'Europe et de notre pays aux énergies fossiles russes. J'imagine que vous reviendrez, madame la ministre, sur la volonté de la Russie de facturer désormais ses exportations de gaz en roubles, et non en euros. La seconde, c'est celle de notre capacité à répondre à nos besoins en énergie à court, moyen et long terme.
Dans la durée, c'est bien la transition énergétique qui constitue la réponse la plus performante. Les récents travaux parlementaires menés dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne m'inspirent, à ce sujet, quelques questions précises. La crise avec la Russie peut-elle entraîner une pénurie des métaux rares indispensables à la transition énergétique ? Le cas échéant, comment la France et l'Europe entendent-elles surmonter cette contrainte ? Une telle pénurie peut-elle ralentir le développement des solutions alternatives dans notre pays ?
L'urgence est d'assurer la sécurité d'approvisionnement de nos concitoyens et de nos entreprises. Madame la ministre, pouvez-vous nous indiquer si la France dispose des capacités en gaz nécessaires pour répondre à ses besoins en cas d'interruption brutale des livraisons russes ? Comment préparez-vous cette hypothèse ? S'agissant de l'hiver prochain, la directrice générale de GRDF, Mme Laurence Poirier-Dietz, a récemment fait part de ses inquiétudes et évoqué l'éventuel délestage de certains « gazo-intensifs ». Je crois savoir qu'un décret est en cours de préparation : pouvez-vous nous en dire plus ? Plus généralement, quelles mesures préventives et quelles réformes plus structurelles envisagez-vous de surcroît ?