Intervention de Jacques Marilossian

Réunion du mercredi 16 février 2022 à 14h45
Commission de la défense nationale et des forces armées

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Marilossian :

Dans un article de la revue Défense et Sécurité internationale de novembre dernier, le colonel de réserve Michel Goya a proposé de transformer l'opération Barkhane en un corps expéditionnaire.

D'après lui, le format actuel de cette opération permet d'effectuer des destructions ciblées, en mettant à profit une très forte supériorité qualitative. Nous détruisons une katiba par mois en moyenne, en subissant peu de pertes. L'inconvénient que présente ce schéma est que les combats sont rares : l'ennemi évite le contact avec nos forces et préfère s'en prendre aux armées locales.

Une opération menée par un corps expéditionnaire prendrait une forme en quelque sorte inverse. L'ennemi, qui subirait moins la pression des moyens aériens, aurait plus de liberté pour attaquer nos forces, mais les bataillons et les commandos du corps expéditionnaire, aidés par des recrues locales, pourraient traquer davantage l'ennemi et resteraient dans la zone pour de longs séjours, d'un ou deux ans. Les combats seraient plus nombreux et les risques de pertes plus élevés, mais l'on pourrait alors détruire jusqu'à trois katibas par mois, ce qui empêcherait l'ennemi de reconstituer ses forces.

Sans reproduire une guerre coloniale comme en Indochine, une telle évolution tactique de Barkhane paraît être une option intéressante. Mais le politique n'acceptera probablement pas de perdre plus de soldats. Pouvons-nous surmonter cette forme d'inhibition ? Barkhane, ou l'opération qui lui succédera, peut-elle évoluer vers ce format plus terrestre, plus violent, présentant plus de risques, mais apparemment plus efficace ?

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