L'apaisement des victimes ne passe pas nécessairement par une audience publique devant la cour d'assises, qui s'accompagne, qu'on le veuille ou non, d'une forme de voyeurisme de mauvais aloi. L'audience devant la chambre de l'instruction, qui n'est pas publique, me paraît un meilleur endroit.
Voir dans le box des accusés, quand bien même il serait irresponsable au sens psychiatrique du terme, un prévenu incapable de comprendre, la lippe pendante, les yeux hagards et perdus, n'est pas nécessairement un spectacle conforme à l'idée que nous nous faisons de la dignité. Au contraire de la chambre de l'instruction, la cour d'assises peut susciter une curiosité malsaine. Or le voyeurisme n'est pas compatible avec ce que nous voulons faire pour les victimes et pour celui qui, malheureusement pour ces victimes et pour lui-même, a basculé dans la déraison.
Il faut raison garder. Exposer un fou aux regards – et l'expression, dans ma bouche, n'a rien de péjoratif – est indécent.