Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 14 décembre 2017 à 9h30
Orientation et réussite des étudiants — Article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

… qui aurait la possibilité de s'offrir une année pour découvrir le monde et autre bla-bla extrêmement marqué socialement, mais du fait que nous rompons avec l'idée qu'un parcours à l'université est un parcours qualifiant, dont les étapes sont déterminées par les pédagogues et par les conseils disciplinaires. Si le cursus est en trois ans, qu'on doit apprendre telle ou telle spécialité ou telles ou telles matières, alors c'est en trois ans. S'il en faut quatre, il vaut mieux le dire avant.

En revanche, même si nous ne savons pas comment cela va se passer, nous ne pouvons pas, de manière insidieuse, imaginer que chacun ajoute une année à son cursus en fonction de sa méditation personnelle. Pour ma part, je suis en désaccord complet avec cette possibilité. Une qualification renvoie à un référentiel, et un référentiel, c'est un contenu et un parcours. S'il faut plus de temps pour ce parcours, alors prévoyons plus de temps. Je défends par exemple le bac professionnel en quatre ans au lieu de trois, car trois ans, c'est une erreur. Si vous insérez dans un cursus une année de césure, elle sera nécessairement déterminée socialement, et j'y reviens parce qu'il me semble que c'est le fond de l'affaire.

Mes chers collègues, notez ce que vous-mêmes êtes en train de dire, et, j'en suis persuadé, de bonne foi : l'année de césure permettra au jeune de s'ouvrir, de se rendre dans un autre pays, ce qui enrichira sa qualification. Ah bon ? On ajoute donc par l'année de césure une qualification, on alourdit le parcours au sein du référentiel. Et ne me dites pas le contraire ! Les diplômes ont été pensés avec un contenu et selon des référentiels précis. Les commissions spécialisées, les universitaires qui les établissent savent ce qu'ils font, ils réfléchissent avant de le faire. Ils n'incluent pas n'importe quoi dans un cursus pour n'importe quelle durée.

Par ailleurs, avec cette dimension personnelle, vous ajoutez un élément à la qualification. Un collègue a dit tout à l'heure que ce serait pris en compte au moment de l'évaluation. Il faudra donc faire une césure pour améliorer son bilan. Je vous mets en garde contre l'engrenage que vous mettez en place. La bonne volonté ne suffit pas quand on est législateur. Il faut se tenir à des règles fermes et universalisables. Sinon la bonne volonté est surprise par la façon dont quelqu'un ici ou là s'empare du dispositif en ayant imaginé autre chose.

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