Intervention de Jean-Luc Mélenchon

Séance en hémicycle du jeudi 14 décembre 2017 à 9h30
Orientation et réussite des étudiants — Après l'article 5

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Luc Mélenchon :

Nous ne voterons pas cet amendement, mais je voudrais dire à M. Fugit que je suis bien conscient des changements intervenus depuis le temps où j'étais ministre. Seize années ont passé. Merci de me le rappeler !

Là n'est pas la question. Penchons-nous plutôt sur l'évolution générale de l'idée que nous nous faisons de notre système – dont certains peuvent considérer qu'il ne vaut rien – et de la différence entre les notions de compétences et de qualifications. Si vous vous fondez sur les compétences, vous entrez dans un autre système, celui des certificats de compétences. L'Union des industries et métiers de la métallurgie – l'UIMM – et d'autres organisations patronales dans différentes branches n'ont cessé d'exercer des pressions pour que l'on introduise ce mécanisme. Vous êtes assez bon connaisseur, mon cher collègue, pour savoir que les mots compétences et qualifications n'ont pas le même sens.

Par ailleurs, nous venons d'entendre le rapporteur, comme Mme Colboc, dire que l'année de césure pourrait donner lieu à une validation des acquis de l'expérience. Je connais bien ce dispositif pour l'avoir moi-même créé et étendu à deux ans, mais n'oublions pas qu'il correspondait à une pratique professionnelle. Là, vous voulez proposer à des étudiants, pour améliorer leurs résultats, de valider de nouvelles compétences. L'intention est louable, je le reconnais bien volontiers, et je n'ai pas l'intention de mettre en doute votre bonne foi, mais vous mettez en péril une forme de parcours qui était très claire et égalitaire pour tous les jeunes.

Il existe des maquettes, qui prévoient un certain nombre d'années d'études au cours desquelles des qualifications sont acquises et évaluées, non pas à la tête du client mais en fonction d'un savoir disciplinaire, comme l'a expliqué M. Castellani. Une licence s'obtient en trois ans, un point c'est tout : l'étudiant n'a pas à la rallonger d'une année pour se faire bien voir ou bénéficier d'une validation des acquis de l'expérience. C'est de transmission des valeurs disciplinaires – au sens de la discipline étudiée – que nous parlons. Le parcours doit être le même pour tous, au risque de creuser les inégalités sociales et de mettre fin à l'égalité entre les diplômes car ils ne seront plus les mêmes selon qu'ils auront été obtenus en trois ou en quatre ans, si l'étudiant y a intégré un parcours personnel.

Le dispositif avait une cohérence, que vous voulez bouleverser.

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