L'article 1er concentre les principales inquiétudes que nous inspire cette proposition de loi.
Il rouvre un débat ancien et sensible à propos d'un éventuel statut hiérarchique pour les directeurs et directrices d'école. Certes, tel que rédigé, il ne crée pas de hiérarchie formelle entre les directeurs et les enseignants. Cependant, nos collègues sénateurs ont inscrit une autorité fonctionnelle qui vient alimenter la crainte qu'un tel statut hiérarchique interviendra tôt ou tard, avec le risque que le directeur ne soit plus considéré comme un pair parmi les pairs. Pire : le Sénat a supprimé une précision adoptée ici en première lecture, selon laquelle le directeur n'aurait pas d'autorité hiérarchique sur les enseignants, qui était de nature à apaiser un peu les inquiétudes qui nous remontent du terrain.
Les directrices et les directeurs ont besoin de davantage de temps, d'une aide humaine systématique, et non pas d'une autorité hiérarchique. Les résultats de la consultation menée par le Gouvernement en 2019 corroborent mes propos puisque les directeurs d'école plébiscitent l'aspect pédagogique au détriment des tâches administratives et logistiques : plus de 80 % d'entre eux estiment que le suivi collectif des élèves, le travail en équipe et l'élaboration des dispositifs d'aide constituent le cœur de leur métier. Voilà pourquoi ils craignent de se voir offrir un statut hiérarchique qui les ferait appartenir à un autre corps administratif que celui des enseignants.
Enfin, l'autorité fonctionnelle, telle que prévue par cet article, fait courir le risque d'isoler les directeurs en les éloignant de leurs pairs, au détriment de la cohérence d'équipe.