Nous abordons le sujet des assistantes familiales – si je dis assistantes familiales, c'est parce que ce métier est, comme beaucoup d'autres, très majoritairement exercé par des femmes et, comme les autres, particulièrement dévalorisé dans la société, pas seulement en termes de salaire même si ces métiers très féminisés sont historiquement associés à l'idée d'un salaire de complément.
Il va de soi qu'il faut revaloriser les conditions salariales des assistantes familiales – leur rémunération mais aussi leurs indemnités d'entretien. J'espère que cette question sera abordée dans le cadre des concertations qui auront lieu jusqu'en décembre. Surtout, au-delà des questions salariales, les assistantes familiales disent leur besoin d'être accompagnées, entendues, de participer pleinement aux équipes pluridisciplinaires ; c'est l'un de leurs principaux manques.
Par ailleurs, une autre question me semble être au cœur des dysfonctionnements et de la crise que traverse l'aide sociale à l'enfance : l'attachement et la place du lien biologique dans la société. Les récents débats sur le projet de loi relatif à la bioéthique ont montré combien ce lien continue de donner lieu à une vision traditionnelle et conservatrice qui est désormais au cœur de nos questionnements, à juste titre : les « nounous » de l'ASE ont succédé aux « tatas » de la DDASS mais on continue de leur intimer de ne pas s'attacher aux enfants. Comment peut-on expliquer à ces dames, qui vont s'occuper de mômes fracturés, qu'il ne faut pas s'y attacher ? C'est invraisemblable ! Pour revaloriser leur métier, il faut donc s'interroger sur le lien, l'attachement et la famille comme construction sociale.