Intervention de Olivier Véran

Séance en hémicycle du mercredi 21 juillet 2021 à 15h00
Gestion de la crise sanitaire — Présentation

Olivier Véran, ministre des solidarités et de la santé :

Et je sais que beaucoup d'entre eux partagent notre objectif d'atteindre l'immunité collective tant attendue.

Dans les débats, il sera question de liberté et de ce qu'est la liberté individuelle face aux exigences du bien commun, de l'intérêt général et de la santé publique. À quoi bon rendre la vaccination obligatoire et étendre l'application du passe sanitaire ? C'est ma vie qui est en jeu, c'est donc mon choix de me protéger ou non ! À quoi bon la fiscalité puisque, après tout, payer ses impôts pourrait relever du choix personnel et du bon vouloir de chacun ? À quoi bon le code de la route et la sécurité routière puisque, après tout, le mauvais conducteur n'est jamais celui qui vous parle ? À quoi bon la santé publique puisque, après tout, fumer au restaurant en dégustant un bon digestif est quand même, pour ceux qui s'en souviennent, un moment très appréciable ?

La liberté, ce n'est pourtant ni se soustraire aux impôts, ni rouler à contresens sur l'autoroute, ni fumer au restaurant, ni refuser un vaccin qui me protège autant qu'il protège les autres. La liberté, c'est accepter les règles sans lesquelles la vie du groupe est tantôt menacée, tantôt rendue impossible.

L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite, c'est pour moi – pour vous aussi, j'imagine – un vieux souvenir de classe de terminale – celui de Rousseau, bien sûr. Ce n'est pas pour autre chose que nous sommes réunis aujourd'hui : pour la liberté de retrouver une vie sociale stable et sereine ; pour la liberté de ne pas voir les services de réanimation saturés ; pour la liberté de ne pas laisser des personnes vulnérables souffrir face au virus ; pour la liberté de ceux qui ne sont plus tout à fait libres quand ils développent une forme grave de la maladie.

L'histoire de la vaccination est indissociable de contestations véhémentes et de mouvements sociaux qui, guidés par des motifs tantôt religieux, politiques ou spiritualisants, ont tenté de faire obstacle à ce qui reste l'une des grandes avancées de l'histoire de la médecine et l'une des plus belles œuvres du génie français.

La Ligue nationale pour la liberté des vaccinations a été créée en 1950 à la suite de la décision de rendre obligatoire le vaccin BCG contre la tuberculose. Bien avant, en 1902, le gouvernement avait décidé de rendre obligatoire l'injection contre la variole, ce qui a entraîné un très grand mouvement de défiance. Nous pourrions remonter à la naissance même de l'inoculation, l'ancêtre de la vaccination : à la toute fin du XVIIIe siècle, des oppositions nombreuses se sont fait connaître à une pratique relevant pour certains de la magie et ne respectant pas, pour d'autres, la providence divine.

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