L'état d'urgence sanitaire a été une nécessité à un temps donné et nous avons été nombreux, au mois de mars 2020, à le voter parce qu'il fallait des outils pour gérer la crise. Ensuite, il a fallu sortir d'une forme de confort intellectuel, juridique, de banalisation de l'état d'urgence – qui est un droit exorbitant du droit commun, un droit d'exception – avec un régime de sortie de crise. Depuis, à coups de yo-yo ici et là, on sort, on rentre, et voilà qu'il s'agit désormais de proroger la sortie de l'état d'urgence. Le psychodrame qui s'est déroulé ici au mois de mai a été rappelé à juste titre : un lundi soir, après une suspension de séance, un vote a été défavorable parce qu'un groupe de la majorité – je le comprends – s'étonnait que la sortie de l'état d'urgence puisse se prolonger au fil de l'eau. Nous y voilà à nouveau : le fil de l'eau, ce n'est plus le 30 septembre ou le 31 octobre, mais la fin de l'année, alors que nous disons depuis des mois qu'il est tout à fait loisible de permettre au Parlement de s'exprimer régulièrement, mais pas sous la contrainte des événements. Vous allez nous répondre, monsieur le rapporteur – si vous vous exprimez ! –, que le Parlement se réunit depuis tant d'heures et tant de mois, mais à chaque fois il le fait sous la pression des événements.