De toute évidence, nous ne nous comprenons pas. Beaucoup d'entre vous ont exprimé leur préoccupation concernant la situation sanitaire et je ne remets nullement en cause la sincérité de vos intentions. Prenez cependant la mesure de ce que nous sommes en train de décider.
Dans une démocratie comme la nôtre, le contrat de travail est le seul contrat qui prévoit un rapport de subordination entre une personne et une autre. Je n'ouvrirai pas le débat sur la question de savoir si c'est juste ou non, mais je souligne que ce rapport de subordination est entièrement lié à la nature de la tâche à accomplir et au rapport salarial. Vous y ajoutez aujourd'hui une clause sociale : désormais, la subordination du travailleur sera déterminée non seulement par le fait qu'il est le travailleur et qu'il ne possède pas l'instrument de production, mais aussi par le fait que son corps et sa santé sont directement liés à l'exercice de la tâche qu'il accomplit. Cela, c'est une nouveauté d'une telle ampleur qu'elle mériterait que l'on s'y arrête plus longuement qu'on ne le fait !
Vous savez aussi bien que moi que des actes totalement arbitraires peuvent découler des dispositions que nous examinons. Il suffirait, en effet, que Pierre, Paul ou Jacques n'ait pas obtenu à temps son certificat de vaccination ou que son passe sanitaire ne soit pas valide dans le délai imparti pour qu'il perde son emploi.
Chers collègues, imaginez-vous l'ampleur de l'angoisse, de l'anxiété et de la déstabilisation sociale, familiale et affective dans la vie quotidienne des gens qu'entraînerait une telle mesure ? Comment pouvez-vous être assez cruels pour décider une chose pareille ?
L'Organisation mondiale de la santé, à qui vous prétendez être supérieurs en intelligence de situation, préconise de préférer la liberté à l'obligation. Vous introduisez au contraire dans le code du travail une nouvelle violation de la liberté.