À titre personnel, je suis opposé à l'isolement contraint. Il y a plusieurs mois, le Président de la République, à l'occasion d'une de ses allocutions télévisées, avait évoqué l'hypothèse d'un isolement contraint. Dans la semaine qui a suivi, sur les bancs de la majorité comme sur ceux de l'opposition, parmi les professionnels de santé de notre pays, parmi les sociologues, parmi les grands noms de la philosophie politique de notre pays, parmi les constitutionnalistes, on a entendu de nombreuses voix s'élever pour dire que cette voie-là ne pouvait pas être envisagée une seule seconde, que depuis des décennies elle avait toujours été refusée.
Je voudrais appeler votre attention sur le fait que, contrairement à l'idée que nous nous en faisons, ce n'est pas la première fois qu'il est question dans cet hémicycle de gérer des crises sanitaires d'ampleur. Ce fut le cas par le passé, et avant vous, monsieur le ministre, d'autres ont géré des crises sanitaires d'une ampleur équivalente et l'ont fait différemment. À chacune de ces occasions oui, lorsque les grandes épidémies sont arrivées, y compris les grandes épidémies de sida, elles ont traversé les débats parlementaires ici même et elles ont posé des questions, notamment celle de l'isolement contraint. À l'époque, tout le monde s'y est opposé. Ce dont nous parlons, c'est de faire contrôler par les forces de police des citoyens dont la seule faute est d'être malades, de ne leur accorder que deux heures de sorties par jour et de leur demander de solliciter le représentant de l'État pour une autorisation de sortie exceptionnelle. Pardon de vous dire que si on s'attarde un instant sur les principes, on se rend compte que cet article vise davantage à lutter contre les malades que pour la sécurité sanitaire.