La question que vous posez sur la position française à l'égard de la Turquie est importante, et je serai clair : notre position est celle de la fermeté, et nous avons progressivement fait bouger l'Europe pour qu'elle nous rejoigne. C'est le Président de la République qui a dénoncé, au début de l'année 2020, les pressions exercées par la Turquie à la frontière grecque, qui est aussi celle de l'Europe. Il a également pris l'initiative l'été dernier d'organiser avec trois de nos partenaires européens, un exercice naval en Méditerranée orientale, afin de démontrer notre présence et notre fermeté.
Des négociations européennes, vous le savez, se sont engagées ; le consensus n'était pas, à l'automne, en faveur de la fermeté, mais nous avons amené les Européens vers une ligne d'unité, de lucidité et de fermeté à l'égard de la Turquie. Le Conseil européen de décembre 2020 a placé Ankara devant une alternative claire ; il revient à la Turquie de nous envoyer des signaux d'apaisement et de désescalade – et vous avez cité des théâtres sur lesquels son influence se manifeste, la Méditerranée orientale, la Libye, la Syrie, le Caucase – ou de conserver cette posture agressive. Nous ne cherchons pas l'escalade, mais nous défendons nos intérêts. L'Europe sera prête à répondre, et nous avons préparé des mesures dont des sanctions activables au besoin.
Depuis cette réunion du Conseil européen, depuis ces pressions, nous avons vu des signaux positifs : retrait de bateaux des eaux territoriales grecques et chypriotes, reprise des pourparlers avec Athènes pour la première fois depuis cinq ans et discussions, dans quelques jours, sur Chypre. Enregistrons-les, tout en notant aussi ce qui s'est dégradé, car il faut être lucide : vous avez cité le retrait de la Turquie de la Convention d'Istanbul, que nous avons condamné ; il faut également mentionner les pressions exercées sur un parti d'opposition. Ces comportements vont évidemment dans la mauvaise direction.
Voilà pourquoi nous maintenons la pression : à ce titre, le Président de la République a demandé une évaluation de la situation lors du Conseil européen du mois de juin prochain.