Incroyable, enfin, parce qu'à travers votre intervention de ce jour vous avez démontré que tout est possible.
Là encore, si vous ne vous limitiez pas à des simulacres de concertation qui ne trompent plus personne, vous auriez dû anticiper depuis un an. Au lendemain des élections municipales, le ministre de l'intérieur de l'époque nous avait réunis place Beauvau pour tirer les leçons du scrutin. J'ai cru un instant à la sincérité de la démarche – je vois Gérald Darmanin se lever à l'évocation de la place Beauvau, mais je fais référence à son prédécesseur.
Nous avons formulé de très nombreuses propositions : sur les procurations, sur le vote par correspondance, en faveur de professions de foi – qui constituent le seul document adressé à l'ensemble des Français – plus denses, sur la contribution souhaitable de l'audiovisuel public à un débat éclairé, sur les règles sanitaires à appliquer le jour du vote ou, encore, sur la protection des bénévoles qui assurent le bon déroulement du scrutin.
Lors du débat sur le premier report, le groupe socialiste du Sénat a présenté de nouveau ces propositions sous forme d'amendements. Ils ont tous été rejetés, comme si, dans votre esprit, ou peut-être davantage encore dans celui du chef de l'État, les élections ne devaient jamais se tenir en juin.
Pourtant, vous l'avez démontré – le groupe Dem lui-même l'a évoqué, même si je comprends qu'il votera principalement contre la tenue des élections en juin prochain : tout était possible. Le vote par correspondance, impossible à mettre en place en douze mois l'année dernière, l'est devenu subitement en six, puisque votre majorité, par la voix de François Bayrou, a annoncé que le report en septembre aurait permis de l'instaurer. Tout cela n'est pas sérieux ! Les intérêts électoraux d'un parti ne sauraient tenir lieu de ligne dans la République française.
Puisque vous voulez l'avis du groupe Socialistes et apparentés, je vous le donne : la démocratie est un bien essentiel. Des États-Unis à la Bulgarie, des Pays-Bas au Portugal, partout dans le monde, on a voté cette année. Rien ne saurait conduire à reporter un rendez-vous démocratique. « Nous devons apprendre à vivre avec le virus » : ces mots ne sont pas de moi, ils sont du Président de la République.
Dans le même temps, la santé de nos compatriotes est une priorité absolue,…