Intervention de Marie-France Lorho

Séance en hémicycle du mardi 13 avril 2021 à 15h00
Organisation des prochaines élections départementales et régionales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMarie-France Lorho :

S'il faut reconnaître une qualité au Gouvernement, c'est la constance. Depuis le début de la crise sanitaire, c'est en effet avec constance que l'exécutif s'évertue, consciencieusement, à plonger les Français dans la perplexité la plus complète quant à l'évolution de la situation. Le débat sur l'organisation des prochaines élections départementales et régionales ne fait pas exception : prévenus par voie de presse, saisis par la Chambre à la dernière minute, les députés devront se contenter d'une discussion superficielle. Désormais affublés d'une voix devenue, au gré des occasions gouvernementales, seulement consultative, les parlementaires ne constituent plus qu'une assemblée méprisée, comme le sont les 35 000 maires de France qui ont dû répondre à une consultation menée en deux jours, en fin de semaine.

L'examen aussi précipité d'un sujet qui déterminera l'avenir de nos territoires s'apparente, de la part du Gouvernement, au mieux à une insouciante frivolité, au pire au plus franc des mépris. Pouvait-on attendre autre chose d'un Gouvernement qui, depuis trois ans, recourt aux ordonnances pour près de 51 % des textes ? Pouvait-on espérer autre chose d'un Gouvernement qui, alors même que les élus locaux ont fait preuve d'une réactivité exemplaire face à la crise sanitaire, répond aux urgences avec retard, le plus souvent en contredisant l'avis qu'il a donné la veille ?

Cette consultation ridicule soulève une autre question : alors même que le Gouvernement annonce la réouverture prochaine des institutions culturelles et de différents lieux publics, pourquoi la France ne pourrait-elle pas voter mi-juin ? Le Gouvernement veut-il préparer les Français, comme il en a l'habitude, à de nouvelles annonces ? La manière dont il scrute l'opinion, de façon détournée, n'est pas acceptable. Elle constitue ni plus ni moins qu'une démarche démagogique, éloignée de la mission que tout gouvernement doit s'assigner : l'organisation de la Cité et l'avènement du bien commun.

Le maintien des élections soulève différentes interrogations. Ainsi, l'organisation pratique du vote pose des questions légitimes. Comment demander aux assesseurs bénévoles d'organiser une élection soumise à des règles sanitaires très strictes dans un temps contraint ?

Bien entendu, c'est la question de la campagne qui doit être soulevée : à l'heure où personne n'est en mesure de faire campagne, le maintien des élections départementales et régionales s'apparente à un simulacre, un simulacre de démocratie, dans un pays gouverné depuis plus d'un an par un état d'urgence portant les atteintes les plus folles aux libertés des Français. Qui pourra faire campagne, à l'exception de quelques élus en place bénéficiant de tribunes pour appeler, au nom de la pérennité de leur action, à leur réélection ? Qui dans l'opposition pourra faire campagne sans attenter au respect des règles sanitaires qui s'imposent en ce moment ?

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