Si le Gouvernement, par la voix du Premier ministre, semble favorable au maintien des élections au mois de juin, la presse nous annonce que le second tour serait prévu le 27 juin. Un report destiné, selon vos propres mots, monsieur le président Ferrand, à « gagner du temps de vaccination, permettre aux campagnes de se faire ». Une campagne gagnante menée en une semaine serait à inscrire au livre des records. Le report, plaidez-vous encore monsieur le président, permettrait à « ceux qui briguent la succession des sortants [de] se faire connaître, dialoguer avec les Français ». À l'heure de la crise sanitaire, concédez-moi qu'aller à la rencontre des Français s'avère une mission légèrement délicate.
Décaler d'une semaine le second tour des élections au nom du gain de temps pour la vaccination est, par ailleurs, un argument inaudible, d'une part, parce qu'il s'assimile, dans ces conditions, à un argument de campagne en faveur de la majorité tout particulièrement déplacé à l'heure où des milliers de Français occupent une place en réanimation ; d'autre part, parce qu'il est particulièrement malvenu, à l'heure où la France accuse un cruel retard en matière de vaccination, de plaider l'amélioration de la situation sanitaire en une semaine.
Parce qu'elle bafoue une nouvelle fois les prérogatives de la Chambre, parce qu'elle ne constitue qu'une nouvelle manœuvre de l'exécutif destinée à faire croire aux Français que leurs représentants sont encore consultés, je m'opposerai à la déclaration du Gouvernement.