En matière d'artificialisation des sols, je crois pouvoir dire que nous avons collectivement beaucoup avancé depuis quelques années, notamment pour prendre conscience du problème. Le chiffre principal : ces dernières années, environ 20 000 hectares d'espaces naturels, agricoles ou forestiers ont été artificialisés chaque année. Comme je sais que ce chiffre ne parle pas à tout le monde, je rappellerai que c'est l'équivalent du département des Hauts-de-Seine qui disparaît ainsi tous les ans sous le béton.
La France est l'un des pays européens qui artificialise le plus et, contrairement à ce que l'on entend souvent, il ne s'agit pas uniquement d'un mal nécessaire lié à la construction de logements : tant s'en faut ! Les trois quarts des surfaces artificialisées le sont dans des zones où le marché du logement n'est pas tendu. Pire : 40 % le sont dans des zones où la vacance de logements augmente.
Notre connaissance des conséquences de l'artificialisation a également progressé. Au niveau international, l'IPBES, la plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, identifie le phénomène comme l'une des cinq grandes causes majeures de perte de biodiversité. Le déclin sans précédent de la biodiversité décrit dans son dernier rapport est donc grandement lié à l'artificialisation.
Mais artificialiser les sols, c'est aussi faire peser des risques majeurs sur nos concitoyens : en effet, même s'il semble perméable, un sol artificialisé ne permet plus qu'à un tiers de l'eau de s'infiltrer. Or, si elle ne s'infiltre plus, elle ruisselle et risque de conduire à des débordements des réseaux et stations de traitement, ou à des inondations, parfois meurtrières.
J'arrêterai là le constat, car je crois qu'il est partagé : notre pays souffre bien d'une forme d'addiction à l'artificialisation.