Nous en arrivons donc au titre V, « Se nourrir », qui concerne en grande partie les enjeux alimentaires, ceux de l'agriculture et de la filière agricole, ainsi que notre souveraineté alimentaire.
Quelques remarques avant d'entamer les débats. Premièrement, je souhaite que l'on puisse avoir un débat apaisé sans stigmatiser les agriculteurs. Certains les soutiennent et défendent la souveraineté alimentaire un jour, et le lendemain, alimentent l'agribashing qui tue cruellement les filières. Sachons raison garder dans ces débats, sans non plus stigmatiser les comportements alimentaires des uns et des autres ; je pense précisément à l'article 59, dans lequel nous aborderons la question des plats végétariens. Les comportements alimentaires correspondent à des choix éthiques, de goût, ou encore culturels ; peu importe. Gardons à l'esprit que nos concitoyens ont une liberté de choix. C'est ce principe qui a guidé les débats en commission et qui doit les guider aussi dans l'hémicycle. Nous ne devons pas tomber dans un autre travers qui pourrait être néfaste aux débats.
Deuxièmement, je remarque qu'il existe déjà, monsieur le ministre, une expérimentation concernant les sujets traités à l'article 59 : prévue par la loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire (ÉGALIM), elle a fait l'objet d'un récent rapport que vous nous avez remis. Je dois le reconnaître : à la lecture de ce rapport, des doutes ont été levés. Lors des débats, il y a maintenant trois ans, j'étais moi-même sceptique, comme certains parents que j'avais rencontrés dans le village où je suis élu local, sur le plat végétarien présent au menu des cantines une fois par semaine. Il faut le reconnaître, il y a là une avancée culturelle, qui fera sans doute partie des débats. Nous avons des désaccords naturellement, à l'instar de ceux qui traversent la société. Mais il était important d'avoir ce rapport à temps ; nous vous remercions, monsieur le ministre, de nous l'avoir fourni dans les délais.
De la même manière, nous avons bien compris que l'article 59 prévoit une expérimentation un peu plus longue, du moins plus aboutie, puisqu'il s'agirait de proposer des menus végétariens aux communes qui en feraient le choix. Il faut être attentifs aux demandes et aux attentes d'une partie de la population, qui veut aller beaucoup plus loin – et c'est légitime –, mais aussi à la faisabilité de l'expérimentation sur le terrain. Passer du tout au tout de manière obligatoire pour l'ensemble des communes, c'est parfois compliqué. Cela implique des adaptations dans les cuisines centrales, mais aussi des formations, parce que la préparation des plats n'est pas la même. Il faut laisser le temps au temps et c'est tout l'objet de cette expérimentation.
Troisièmement, je regrette que nous n'allions pas assez loin concernant les chèques alimentaires, que vous avez voulu faire figurer dans ce titre ; seuls deux rapports sont prévus. Cette demande émane de la plupart des bancs de l'hémicycle. Aurélien Pradié et moi-même, députés du groupe Les Républicains, l'avions formulée avec Damien Abad à la tribune le 12 janvier dernier, lors du débat sur les politiques de lutte contre la pauvreté. La plupart des groupes politiques ont fait cette demande, mais le texte repousse encore de plusieurs mois l'application des chèques alimentaires, alors que l'urgence est sous nos yeux, en raison du contexte sanitaire.