Intervention de Guillaume Larrivé

Séance en hémicycle du lundi 3 mai 2021 à 16h00
Bilan de la loi Égalim et relations commerciales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGuillaume Larrivé :

Monsieur le ministre, je ne doute pas de votre bonne volonté, et je ne doute d'ailleurs pas non plus de celle de tous nos collègues qui se sont exprimés. Permettez-moi pourtant de me faire le porte-parole des éleveurs de vaches laitières de mon département, l'Yonne, en particulier des éleveurs de l'exploitation que j'ai visitée il y a quelques jours dans le village de Parly, en Puisaye.

La question qu'ils nous posent est simple : comment faire pour vivre lorsque le prix d'un litre de lait est de 33 centimes d'euro ? Les éleveurs de cette exploitation m'ont affirmé qu'avec seulement 5 centimes de plus, ils pourraient s'en sortir, faire face à leurs charges courantes et financer les amortissements de leurs investissements. Avec seulement 5 centimes de plus, ils pourraient se verser un revenu à peu près correct, situé autour du salaire médian français. Au prix actuel du litre de lait, ils n'y parviennent pas.

Je ne suis pas spécialiste de la question, mais je sais que des outils ont été adoptés. Je vois bien que l'on cherche à améliorer la situation : on nous parle de transparence, d'indicateurs et de prix rémunérateurs. Ne faudrait-il pas, au plan juridique comme au plan économique, sortir des chemins battus et imaginer des solutions nouvelles ? Ne sommes-nous pas, avant tout, confrontés à un problème d'organisation du marché ? Charles de Courson l'a évoqué tout à l'heure : n'est-il pas nécessaire d'impulser une logique de décartellisation au plan européen pour remodeler le marché et, y compris dans une optique libérale, introduire un peu plus d'égalité entre les acteurs du marché, lequel se caractérise aujourd'hui par une situation d'oligopsone et par un important déséquilibre s'agissant du prix du lait ?

Et si nous ne parvenons pas à cela, ne pourrions-nous pas alors adopter un mécanisme de prix plancher, de manière franchement interventionniste ? Même du point de vue libéral, une telle approche se justifie étant donné la structure de marché. Un système de prix plancher, de prix rémunérateur, plus réglementé qu'aujourd'hui, permettrait de réintroduire de l'équité entre les acteurs.

Ce à quoi nous assistons dans l'Yonne comme dans d'autres départements – l'Allier, notamment, le département de notre collègue Jean-Paul Dufrègne –, c'est à une diminution très forte du nombre d'exploitations. Or cette évolution engendrera de nombreux problèmes sur le plan humain, pour l'aménagement du territoire et, à terme, en matière de souveraineté et d'indépendance économique de la France.

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