La présente discussion a été de qualité, monsieur le ministre. Tout le monde reconnaît aujourd'hui que la loi ÉGALIM telle qu'elle a été votée ne remplit pas l'objectif qui lui a été fixé parce que les agriculteurs et les producteurs, de façon générale, considèrent à juste raison qu'ils ne sont pas payés à hauteur de leur travail. Nous n'avions pas voté cette loi, considérant qu'elle allait semer des illusions. Eh bien, nous y sommes. Vous-même, au Sénat, monsieur le ministre, avez estimé que le compte n'y était pas.
La question est donc de savoir ce qu'on peut faire maintenant. La proposition de loi de notre collègue Besson-Moreau, si elle peut améliorer les choses, sera utile. Je tiens toutefois à appeler votre attention sur le rôle du Parlement. Nous allons en effet discuter de cette proposition de loi au mois de juin, à savoir avant même de disposer, à l'automne, d'une évaluation précise, sur le fond, de la loi ÉGALIM. Or nous avons besoin d'une évaluation exacte, objective des insuffisances de la loi en matière de répartition des profits, des marges entre les producteurs, les transformateurs et les distributeurs.
Ensuite, de quelle manière allons-nous garantir au producteur qu'il pourra bien vivre de son travail ? Nous avons besoin de transparence, c'est évident et cela a déjà été dit, mais aussi d'équité, ce qui va de soi mais ce qui va mieux en le disant. Autrement dit, concrètement, comment prend-on en compte réellement les coûts de production ? Comment parvient-on à sanctuariser la part agricole du prix ? En somme, comment rééquilibrer le rapport de forces entre les producteurs, les transformateurs et la grande distribution ? Cela, notre collègue Benoit l'a évoqué, en évitant les contournements – je pense aux pratiques des centrales d'achat qui pèsent au plan européen.
Nous ne parviendrons pas à des solutions durables, nous ne pourrons pas peser sur les prix si nous n'imposons pas une régulation des volumes, une régulation de la production au plan européen.