Intervention de Philippe Chalmin

Séance en hémicycle du lundi 3 mai 2021 à 16h00
Bilan de la loi Égalim sur la rémunération des agriculteurs

Philippe Chalmin, président de l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires :

C'est un très grand plaisir pour moi que de répondre à votre invitation et de pouvoir, à cette occasion, vous présenter l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, que j'ai l'honneur de présider depuis une dizaine d'années – j'exerce mon dernier mandat en cette qualité.

L'Observatoire est une commission administrative, placée sous la double tutelle du ministère de l'agriculture et de l'alimentation et du ministère de l'économie, des finances et de la relance. Nous réunissons, autour de notre table, toutes les familles directement concernées par le destin des produits agricoles, du champ à l'assiette : les producteurs, les industriels, les distributeurs, les commerçants et les consommateurs. Le rapport qui vous a été remis présente la particularité d'avoir été adopté à l'unanimité des parties prenantes. Ce consensus est le fruit d'un processus relativement long, au cours duquel nous discutons parfois abondamment, mais je crois qu'il fait de ce document un rapport de référence, dont le seul défaut, j'en conviens, est que nous l'élaborons malheureusement en regardant quelque peu dans le rétroviseur, pour reprendre l'expression employée par l'un d'entre vous au cours d'un débat précédent. Cet état de fait m'empêchera peut-être de répondre à certaines des questions que vous vous posez quant au premier bilan à tirer de la loi ÉGALIM.

Ainsi, le document que vous avez sous les yeux est le rapport 2020 de l'Observatoire. La dernière réunion de notre comité de pilotage en vue de la finalisation du rapport 2021 se tiendra le 19 mai. Je devrais donc être à même de le fournir à ceux d'entre vous qui seront intéressés d'ici à la fin du mois, avant même la conférence de presse. Mais si ce rapport comprendra bien entendu l'intégralité des éléments collectés en 2020, certains d'entre eux porteront sur l'année 2019, voire sur l'année 2018. Par exemple, s'agissant des marges nettes réalisées par la grande distribution sur les produits vendus aux rayons frais – un des indicateurs importants du rapport, car il apporte une grande transparence dans ce domaine –, nous ne publierons que les chiffres de l'exercice 2019, antérieurs à la pandémie et très peu touchés par l'entrée en vigueur de la loi ÉGALIM.

Nous nous efforçons de suivre, pour la très grande majorité des grandes filières de produits frais, le cheminement d'un produit du champ à l'assiette : prix agricoles, prix des produits issus de la première puis de la deuxième transformation et prix aux consommateurs. Nous procédons ensuite à des soustractions pour obtenir les marges brutes. Cette partie du travail est assez aisée, la France ayant la chance d'être dotée d'un appareil statistique relativement développé.

Les choses deviennent plus problématiques lorsqu'il s'agit de passer des marges brutes aux marges nettes, c'est-à-dire d'analyser les coûts de production, de transformation ou de logistique. Nous le faisons en collectant des données au stade de la production agricole, en recueillant les chiffres fournis par certaines industries – mais pas toutes : nous discutons par exemple avec l'industrie laitière pour obtenir des éléments relatifs aux marges nettes réalisées dans les principaux métiers qui la constituent –, ou encore en compilant les marges nettes de la grande distribution. L'Observatoire est avant tout un lieu de coopération, qui aide à faire la transparence sur les marchés.

Que dire de plus pendant les quelques secondes qui me restent ? De manière générale, au stade actuel et au vu des éléments dont nous avons connaissance, l'effet de la loi ÉGALIM est resté relativement limité, d'autant que l'année 2020, vous en conviendrez, fut exceptionnelle, puisqu'elle s'est traduite par une modification des habitudes alimentaires des Français. La disparition de la restauration hors foyer, en particulier, a profondément modifié leurs modèles de consommation et d'achat de produits alimentaires.

Si vous m'y autorisez, monsieur le président, je prendrai une minute supplémentaire…

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