Intervention de Thierry Benoit

Séance en hémicycle du lundi 3 mai 2021 à 16h00
Bilan de la loi Égalim sur la rémunération des agriculteurs

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaThierry Benoit :

Monsieur le ministre, vous avez dit que le commerce était un rapport de forces. Oui et non, vous répondrai-je. Normalement, commercer c'est communiquer. Si, en 2021, il s'agit d'un rapport de forces, c'est parce que depuis un demi-siècle nous avons laissé un empire se créer : celui de la grande distribution et des centrales d'achats. Ainsi, désormais, le commerce parle de tout sauf du produit à négocier. Que demandent ces acteurs ? Des remises, des ristournes, des rabais, des plans d'affaires, des services internationaux et des pénalités de toutes sortes, notamment logistiques. Tout cela vise à dévaloriser les denrées alimentaires, à tel point que nous en arrivons à des aberrations, comme quand une grande enseigne propose vingt et un repas pour 21 euros. Si ce type de campagne ne détruit pas de la valeur et n'engage pas les consommateurs à considérer que les denrées alimentaires et l'alimentation ne valent rien, c'est à n'y rien comprendre !

Vous avez donc raison lorsque vous dites que le consommateur doit payer le prix juste et responsable et qu'il ne revient pas aux agriculteurs de financer le pouvoir d'achat en France, comme la loi LME l'a prévu il y a une quinzaine d'années – loi LME que je m'étais d'ailleurs bien gardé de voter et qui, de fait, a exacerbé la guerre des prix et n'a cessé de détruire de la valeur.

Cela étant dit, sommes-nous prêts, par exemple dans la proposition de loi que nous examinerons en juin, à interdire toute publicité visant à dévaloriser les denrées alimentaires ? Et sommes-nous prêts, dans le cadre de ce rapport de forces, à instaurer davantage de transparence dans la formation des marges ?

En effet, les 600 millions d'euros – voilà de la valeur – générés par le relèvement du seuil de revente à perte auraient dû être équitablement répartis entre les distributeurs, les industriels et, surtout, les agriculteurs : la somme aurait dû remonter vers l'amont de la filière. Il nous manque donc sans doute un outil ou un dispositif de transparence dans la formation des marges. Nous avons pourtant tout inventé depuis cinquante ans : l'Autorité de la concurrence, la DGCCRF, la Commission d'examen des pratiques commerciales, l'Observatoire de la formation des prix et des marges des produits alimentaires, et la médiation. Nous avons tout inventé en France !

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