Le Gouvernement, ou plutôt le Président de la République, a annoncé un plan de réouverture des lieux de culture. Enfin ! Voici trop longtemps que nous sommes privés de spectacle vivant, de cinéma, d'expression et de rencontres culturelles.
Mais les conditions de la réouverture, alors que le couvre-feu persistera dans un premier temps, que les jauges seront incomplètes et que des embouteillages se profilent, ne permettront pas à l'ensemble des professionnels de recommencer à travailler. Dans un premier temps, ce n'est peut-être qu'un travailleur sur quatre qui sera concerné et les jeunes risquent d'être parmi celles et ceux qui auront le plus de difficultés.
Un plan de reprise et d'accompagnement est donc nécessaire, avec un financement d'au moins 500 millions d'euros pour relancer l'activité et l'emploi dans le secteur. Un tel plan commence par le maintien des droits sociaux ; je pense évidemment à la réforme honteuse de l'assurance chômage, qui diminue les droits et l'accès aux droits de plus de 1 million de personnes, mais aussi aux conclusions du rapport Gauron, dont vous venez de parler et pour qui – si nous avons bien lu – sans prolongation de l'année blanche pour les intermittents, il ne peut y avoir, même en cas de reprise vigoureuse, de solution viable. L'incertitude doit être levée.
Le plan de reprise doit aussi viser une plus grande ouverture des espaces grâce à des initiatives printanières et estivales foisonnantes, permettant davantage de représentations dans le respect des consignes sanitaires, en plein air ou sous chapiteau, au moyen de dispositifs d'amortissement tenant compte de la situation – les festivals ont été cités mais ce ne sont pas les seuls concernés. Un tel plan doit avoir l'emploi comme priorité et cibler toutes les structures, toutes les compagnies et pas seulement les plus installées ; il ne doit pas non plus oublier les artistes-auteurs.
Nous nous inquiétons par ailleurs de votre sortie « en sifflet » sur trois mois. Il faudrait un plan qui réponde à la situation exceptionnelle et qui redonne de l'élan et de l'allant. Le mouvement qui s'est déployé dans les théâtres de France appelle une renaissance culturelle et montre combien une construction collective impliquant le monde de la culture et la société est nécessaire. Entendez-vous les inquiétudes qui continuent à se faire jour et qui concernent le court et le moyen terme ?