Préserver la diversité culturelle étant une priorité, plus de 9 milliards d'euros ont été débloqués pour soutenir la culture depuis le début de la crise. Le Président de la République a confirmé la réouverture des lieux de culture à partir du 19 mai. C'est une priorité pour le secteur culturel qui doit retrouver les publics pour lesquels il crée et se produit, ainsi que pour les Français qui attendent avec impatience de retrouver la richesse de notre diversité culturelle et de notre art de vivre.
Au-delà de l'urgente nécessité pour tout le secteur d'anticiper sa reprise, au-delà de la question de l'ouverture ou de la fermeture, se pose la question de l'accès des publics aux lieux culturels et de la diversité de ces publics. La politique culturelle du « aller vers » permettant la diversification des publics a été brutalement interrompue par la crise sanitaire. Il existe pourtant un risque de coupure brutale entre les lieux culturels encore trop intimidants et des publics prioritaires avec lesquels il est difficile de nouer des relations de confiance.
L'éducation artistique et culturelle (EAC) constitue un vecteur essentiel d'émancipation. L'horizon de la sortie de crise devrait donc s'accompagner de la généralisation de cette éducation afin que chaque enfant de notre pays bénéficie d'un parcours culturel à l'école. On ne peut pas laisser reposer notre relation aux arts, aux artistes et à la pratique culturelle sur le seul hasard. Si l'école n'assure pas un accès démocratique à l'art et à la culture, alors ce sont les logiques sociales qui prévaudront dans le sens des inégalités et des assignations à résidence.
Parce que la crise empêche la culture de jouer le rôle qu'elle tient habituellement dans nos vies, c'est plus que jamais le moment de réinterroger la place qu'elle doit avoir dans notre société, à la fois pour repenser nos modèles culturels, repositionner les artistes au cœur d'un projet de société et redéfinir la culture pour ce qu'elle est : un objet social. Nous devons particulièrement encourager ceux qui continuent coûte que coûte à faire vivre l'art et la culture.
Madame la ministre, quelle place comptez-vous donner aux publics prioritaires dans le calendrier de réouverture des lieux culturels ? Ne pourrait-on pas, en même temps que leur réouverture au grand public, prévoir de nouvelles modalités d'accès privilégiés pour les enfants, les étudiants et les familles qui en sont les plus éloignés ? Cette réouverture sera-t-elle l'occasion de repenser nos politiques culturelles et de faire de l'EAC l'outil principal de l'émancipation ?